Croix
(PR) – « Poteau muni d’une traverse et sur lequel on attachait des condamnés pour les faire mourir », nous dit le Robert, qui ajoute : « spécialement celui où Jésus fut cloué et mis à mort ». Nous entrons dans la semaine qui va commémorer, pour les chrétiens, cette période très importante qui se terminera, dimanche prochain, par la résurrection de Pâques. Depuis ces journées d’il y a plus de deux mille ans, la croix a pris sa place dans tous les domaines de notre vie – même pour ceux qui n’y croient pas…
Comme tant d’autres de la langue française, le mot « croix » vient du latin « crux ». D’après notre ami Antoine de Furetière, dans son « Dictionnaire universel » de 1690, il s’agit d’une « piece de charpente composée de deux morceaux de bois, dont l'un traverse & couppe l'autre ordinairement à angles droits. Elle servoit autrefois de supplice pour les malfaiteurs & les esclaves. Les Romains faisoient élever des croix pour faire peur aux soldats, comme on fait icy des potences. »
Les Romains qui occupaient, en l’an 783 après la fondation de leur Ville, un territoire appelé aujourd’hui Israël – je n’ose pas dire « baptisé »… – se sont retrouvés un jour devant une situation embarrassante : les chefs religieux de ce pays qu’ils régissaient leur demandèrent (je résume…) de mettre à mort un dénommé Jésus, originaire de Nazareth, qu’ils considéraient comme un imposteur et un blasphématoire.
Le responsable de l’administration romaine, un certain Ponce Pilate, ne tenait pas à voir l’agitation se développer et finit par accepter leur requête ; il décida donc d’utiliser ce qu’il avait à sa disposition pour châtier les coupables : la crucifixion. Pour faire bonne mesure, il envoya au supplice à côté de celui qui se prétendait « roi des Juifs » deux « larrons » de droit commun.
Ponce Pilate s’en était ensuite lavé les mains… Il ne pouvait pas se douter que la « croix » sur laquelle Jésus allait rendre son dernier soupir deviendrait, au fil des siècles, le symbole auquel se rattacheraient des millions et des millions de croyants baptisés (là, je peux le dire…) « chrétiens » pour lesquels la semaine qui vient de débuter marque un moment très important, fondamental même.
La croix est omniprésente dans toute la symbolique qui rythme notre vie quotidienne. Exemples ? Parfois, il s’agit d’une valeur négative : on tire une croix sur un projet qui ne pourra pas se réaliser ; on ne peut passer parce qu’un panneau routier avec une croix l’interdit…
Il y a parfois de bons côtés : fut un temps (éloigné) où, dans les établissements scolaires on distribuait des « croix d’honneur » aux élèves méritants ; quant aux « croix » décernées dans le domaine militaire mais aussi civil, elles sont innombrables, quel que soit le système politique.
Dans notre histoire contemporaine, deux types de croix ont été les symboles d’attitudes totalement différentes : d’un côté, la croix gammée, héritée de la « svastika », choisie comme emblème par le régime nazi, et qui a couvert tant de massacres ; de l’autre, la croix de Lorraine dont un général inconnu, Charles de Gaulle, fit le signe de ralliement de la Résistance.
Il existe une autre croix devenue le symbole de l’assistance aux personnes en difficultés, quelles qu’elles soient : en revenant en 1859 de la bataille de Solférino, Henry Dunant, homme d’affaires protestant genevois, eut l’idée de créer une société de secours neutre et indépendante : ce fut la « Croix-Rouge », d’abord destinée aux soldats blessés. Puis son activité a pris en compte bien d’autres malheurs. Trois prix Nobel de la paix ont récompensé les milliers de bénévoles qui portent cette « croix » avec une fierté justifiée !