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Femme

(PR) – « Être humain de sexe féminin » : les deux dictionnaires de référence donnent exactement la même définition de ce qui, ce vendredi 8 mars, sera l’objet d’une « Journée internationale ». Au fait, dois-je écrire « objet » ou « sujet » ? Rien que dans cette terminologie, on voit qu’organiser une « journée » n’est pas anodin, dans un monde où l’égalité est loin d’être assurée entre les deux moitiés de l’humanité. Les exemples ne manquent pas, on va le voir…


    Pour commencer, voyons quel était le point de vue de l’ami Antoine Furetière, dans son « Dictionnaire universel » de 1690 : « Celle qui conçoit & qui porte les enfans dans son ventre. St. Augustin appelle les femmes, le sexe devot ». Là, on se rend compte que les siècles ont passé, et qu’aucun dictionnaire contemporain ne se risquerait à une telle définition. A l’époque louis-quatorzième, il ne fallait pas attendre que « l’être humain de sexe féminin » soit envisagé d’une autre manière. Il y avait, bien sûr, les favorites royales (ou autres…), mais on s’arrêtait là…

   Même la Révolution de 1789 et des années suivantes ne fit pas progresser ce que l’on n’osait même pas imaginer être « la cause des femmes ». D’accord, lorsque Charlotte Corday interrompit brutalement la baignade de Marat, cela n’allait pas faire avancer la cause… Mais il y avait quand même Olympe de Gouges, qui eut l’inventivité de rédiger dès 1791, deux années après la fameuse « Déclaration des droits de l’homme et du citoyen » une « Déclaration des droits de la femme et des citoyennes » !

    En demandant l’émancipation des femmes (laquelle attendra1944 en France), elle bousculait le monde de l’époque. Mais elle aggravait son cas en préconisant aussi l’abolition de l’esclavage et de la peine de mort ! Là, c’en était trop, elle fut guillotinée en novembre 1793, affirmant alors devant le bourreau, dit-on, « une femme a le droit de monter sur l’échafaud, elle doit avoir celui de monter sur la tribune… » Sera-t-elle, un jour, « panthéonisée » ? Elle y rejoindrait Simone Veil, ce serait mérité !

   Un bon siècle plus tard, l’idée d’une journée consacrée aux droits des femmes fit son apparition aux Etats-Unis – eh oui ! En février 1909 fut institué un « National Woman’s Day ». C’était la première étape d’un long processus qui allait être marqué, au fil du temps et des pays par des progrès dans la reconnaissance des « droits des femmes ». Jusqu’à ce qu’en 1977, l’ONU institue une « Journée pour le droit des femmes et de la paix internationale ».

   Depuis, chaque année, un thème a été publié par les Nations Unies, n’échappant pas (hélas !) à la banalité – mais, il est vrai, comment faire autrement… Un exemple ? En 2014 : « L’égalité pour les femmes, c’est le progrès pour toutes et tous ».

   Pendant ce temps, il y a toujours des pays où le mot « femme » signifie, pour les autorités, un « objet » qu’il faut contraindre à respecter des normes n’ayant rien à voir avec la liberté telle qu’Olympe de Gouges l’envisageait. En Afghanistan, en Iran, pour ne citer que les deux exemples les plus flagrants, les femmes ne sont toujours que des « êtres » devant se plier à des règles méprisables. Dans ces deux cas, il y a des femmes qui osent braver, avec courage, des interdits moyenâgeux. Certaines en meurent…

   On citera aussi Lioudmila Navalnaïa, la mère de cet opposant que Stalpoutine a fait taire à jamais. Avec une obstination admirable, cette « Mère Courage » a forcé le dictateur du Kremlin à lui permettre d’offrir une sépulture digne à son fils. Elle et Loulia, la « Veuve Courage » d’Andrei, sont bien « l’avenir de l’homme », comme le disait justement Aragon…

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