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Forum

(PR) – « Place où se tenaient les assemblées du peuple et où se discutaient les affaires publiques à Rome » : c’est la définition que donne le Robert, mais, aujourd’hui c’est dans une station huppée des Alpes suisses que débute le « Forum de Davos ». Depuis plus de cinquante ans, responsables politiques (souvent très importants) et hommes d’affaires (souvent des très importantes) se retrouvent pour « discuter »


   Pourquoi et comment ce « forum » est-il devenu incontournable ? Un bon génie a dû se trouver à côté de Klaus Schwab lorsque ce professeur d’économie à l’Université de Genève s’est mis en tête, à la fin des années soixante du siècle dernier, de s’adresser à des dirigeants d’entreprises européens pour leur faire réaliser que le monde avait changé, qu’il fallait envisager d’autres manières de concevoir la vie économique.

   Pour cela, avec le patronage de la Commission européenne, il invita 444 « patrons » européens à un premier « European management symposium ». En 1971 direction Davos, station des Alpes grisonnes où l’on venait d’inaugurer un centre des congrès. Suite à un résultat encourageant, le « symposium » devint « forum » et, en 1974, l’idée vient à Klaus Schwab d’y inviter des hommes politiques…

   C’est le début d’un phénomène qui verra chaque année en janvier se réunir des hommes d’influence, lesquels trouveront dans le calme d’un environnement apparemment surtout propice aux sports d’hiver l’occasion d’échanger des idées, la perspective de faire des affaires !

   Le succès étant là, de «européen » le « forum » devient en 1987« mondial », et le « World Economic Forum » sera désormais le point de rencontre annuel où l’on peut dresser l’état d’un monde qui, économiquement et politiquement, se modifie à grande vitesse. Le « WEF », un acronyme qui allait devenir de plus en plus connu, fera plus parler de lui en 1988, lorsque Grecs et Turcs, jusque-là à deux doigts de s’affronter, signeront une « déclaration » éloignant le risque d’un conflit sérieux dans l’est de la Méditerranée.

   Autre exemple d’un succès diplomatique dû à ce que l’on peut appeler « l’esprit de Davos », la rencontre entre Yasser Arafat et Shimon Peres, en 1994. Ils jetèrent les bases d’un accord à propos de Gaza : lequel resta hélas ! lettre morte – on se dit qu’il serait bon que « l’esprit » frappe à nouveau, mais ce n’est malheureusement pas pour aujourd’hui…

   Notre ami Antoine Furetière ne connaissait pas, bien évidemment, Davos ni son « Forum » ! Mais dans son « Dictionnaire universel » de 1690, il définissait ainsi   ce que devrait être une « réunion » : « Cela signifie aussi la paix, la concorde qu’on met entre des personnes qui avaient rompu leur amitié, leur intelligence. Il faut travailler à la réunion des esprits, avant que les vouloir faire transiger sur leurs differens. »

   C’est peut-être cela « l’esprit de Davos », celui que le professeur Schwab mettait en avant à chaque ouverture de son « forum ». Bien sûr, il y a toujours eu des contestataires pour faire remarquer que Davos est avant tout la rencontre de grands patrons désireux de faire des affaires.

   C’est vrai, mais le programme de cette année est autre : « Cette réunion a pour but de rétablir une capacité d'action collective et de renforcer les principes fondamentaux de transparence, de cohérence et de responsabilité qui incombent aux dirigeants. » J’ai l’impression d’entendre Raymond Barre, ancien premier ministre français, « modérateur » habituel du « Forum », lors d’une de ces rencontres décontractées qu’il accordait à quelques journalistes. On s’y bousculait pour écouter cet homme qui avait « un esprit carré dans un corps rond » et, aussi, beaucoup d’humour…

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