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Panthéon

(PR) – « Dans l’Antiquité, temple consacré à tous les dieux ; monument consacré à la mémoire des grands hommes d’une nation » : la deuxième partie de la définition du Robert est celle qui correspond bien à l’actualité française puisque, ce mercredi 21 février, Missak Manoukian et sa femme Mélinée vont rejoindre le Panthéon de la Montagne Sainte-Geneviève. Une « panthéonisation » chargée de symboles, dans un lieu qui ne l’est pas moins…


  C’est au début du règne d’Auguste, 780 ans après la date officielle de la fondation de Rome par Romulus – selon notre calendrier, en 27 après J.-C. – que fut entreprise la construction d’un édifice destiné à célébrer toutes les divinités de l’Antiquité, qui n’en manquait pas. On ne sait si le premier empereur romain pensait déjà y avoir sa place, se disant qu’après tout, « aux grands hommes la patrie reconnaissante »… – je m’égare, je suis en avance de dix-neuf siècles, c’est sur le fronton du Panthéon de Paris qu’on trouve cette maxime…

   Peu importe, le Panthéon romain, qui est l’un des rares édifices à être presque dans l’état où il a été conçu, a donné des idées architecturales à Jacques Soufflot lorsqu’il fut chargé, au milieu du XVIIIe siècle, de construire une basilique destinée à abriter la chasse de Sainte-Geneviève ; la patronne de Paris, qui avait galvanisé la résistance (déjà…) aux Huns d’Attila, méritait bien d’avoir un écrin rien que pour elle…

   Las, l’édifice (remarquable) terminé en 1790, dont la coupole, dans le panorama parisien, semble faire écho au dôme des Invalides, fut très vite pris dans le tourbillon révolutionnaire. A la mort de Mirabeau, en 1791, l’idée vint qu’on pourrait transférer les cendres des « grands hommes » dans ce qui n’était plus une église.

   Provisoirement, car, au fil des péripéties du dix-neuvième siècle très agité en matière constitutionnelle, l’ex-église Saint-Geneviève changea fréquemment de statut ; il fallut attendre le décès de Victor Hugo, en 1885 pour qu’une loi de 1881 jamais appliquée en fasse vraiment un « panthéon ». Progressivement, des stèles, des statues prirent place, et la crypte devint de plus en plus la place où les restes de « grands hommes » peuvent recevoir l’hommage des visiteurs.

   Et les « grandes femmes » ? La première à avoir été accueillie en tant que telle (et pas comme femme de…) est Marie Curie. Un hommage justifié pour cette Polonaise d’origine, deux fois prix Nobel, qui parcourut les lignes de front de la première guerre mondiale pour aider à radiographier les blessés de guerre. Simone Veil, dernièrement, reçut cet honneur tout aussi mérité.

    Poète et résistant, Michak Manouchian qui va entrer mercredi au Panthéon en compagnie de son épouse Mélinée, avait été fusillé il y aura tout juste quatre-vingt ans mercredi au Mont-Valérien, de l’autre côté de la capitale, avec vingt-et-un  membres de son réseau ; tous des étrangers qui avaient choisi de défendre la liberté dans leur pays d’adoption. Comme il l’écrivait dans sa dernière lettre, il était sûr que la France saurait se souvenir de ce qu’ils avaient accompli pour elle. Ce sera fait grâce à Emmanuel Macron, qui semble devoir être le président qui pourrait devenir le plus « panthéonisateur ».

   Il y a un autre poète qui ne cherchait pas du tout ce genre d’honneurs, Georges Brassens. Un peu anar à sa manière, dans une superbe chanson, « Supplique pour être enterré sur la plage de Sète », il concluait avec son humour particulier…

« Pauvres grands disparus

gisant au Panthéon…

Vous envierez un peu l’éternel estivant

Qui passe sa mort en vacances… »

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