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Bûche

(PR) – « Gros morceau de bois coupé pour être mis au feu », nous dit le Larousse. Une définition qui peut sembler d’une grande banalité, puisque l’on ne voit pas, à première vue, ce que l’on peut faire d’autre avec une « bûche ». Allons donc ! Le Robert ajoute, lui, qu’il s’agit d’une « pâtisserie en forme de bûche servie traditionnellement aux fêtes de fin d’année ». Eh bien, nous y voici : dès demain, vous n’allez pas échapper à la « bûche de Noël », peut-être sans vous demander pourquoi elle est devenue traditionnelle…


    Pour avoir une explication de bonne main, il faut en revenir au « Dictionnaire historique » de 1690, où Antoine Furetière nous dit « qu’on appelle la busche de Noël, une grosse souche de bois qu'on met au feu la veille de Noël, quand il est nuit, avec quelques ceremonies qui ne sont plus pratiquées que par les vieilles. »

   Il ne donne pas de précisions quant aux « ceremonies » pratiquées par des « vieilles » – au fait qui étaient-elles ? Mais ce que l’on sait, c’est que la célébration de Noël coïncidait avec la fin du solstice d’hiver : c’est à partir de là que les jours vont, petit à petit, redevenir plus longs, et cette « nativité » de la nature coïncidait donc avec la Nativité de Jésus.

   A une époque où l’on ne connaissait évidemment pas le chauffage électrique, au gaz ou au mazout, il était normal de mettre une belle et consistante « bûche » dans la cheminée avant de partir à la veillée de Noël, qui durait un temps… certain. Il fallait bien que la maison soit assez chaude au retour pour profiter des agapes qui étaient conséquentes – si l’on en croit par exemple ce qui attendait le « Curé de Cucugnan » d’Alphonse Daudet…

   Mais cette « bûche » devait, en principe, pouvoir tenir pendant, si possible, douze jours pour aller jusqu’ à la nouvelle année. Il ne fallait donc pas prendre n’importe quel bois. Le chêne, roi de nos forêts continentales – le sapin l’étant pour celles des Alpes… – était évidemment le plus recommandé. Et dans l’âtre que toute maison possédait, on surveillait ce symbole de la vie qui continuait, grâce à laquelle la chaleur se répandait à toute la famille.

    Mais, alors, comment la bûche qui se consume est-elle devenue cette pâtisserie présente sur (certainement) toutes les tables à l’occasion de cette fin d’année ? D’abord, il y a toujours eu des desserts lors des festivités de Noël. En Provence, on parlait ainsi des « Treize desserts » que les « félibriges », sociétés qui cherchaient à préserver les traditions, recensaient avec méticulosité et, bien sûr, gourmandise…

   Quant à la bûche proprement dite, on ne sait pas exactement comment elle est devenue, au dix-neuvième siècle, cette pâtisserie, parfois une véritable œuvre d’art – avec les prix qui s’ensuivent… Chaque région, ou presque, en revendique la paternité. Mais il est certain que les pâtissiers ont vite compris qu’il y avait là une source intéressante d’activité – et donc de revenus – pour une période festive !

   Cette année, la bûche pourrait bien devenir plus coûteuse (mais toujours goûteuse, on l’espère…) puisque le chocolat, l’un de ses ingrédients de base, voit son prix grimper sur les marchés. Mais la fameuse « shrinkflation », ce procédé qui consiste à diminuer le contenu d’un produit sans en changer l’apparence, sera de service, et peut-être qu’ainsi le prix de la bûche ne grèvera pas trop l’économie des ménages !

   En attendant le moment où vous dégusterez la « bûche », pensez à ce que disait un humoriste : « De toute façon, pas de problème, puisque Noël ne vient qu’une fois par an… »

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