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Cadeau

(PR) – « Chose qu’on offre à quelqu’un pour lui faire plaisir, en particulier à l‘occasion d’une fête », nous dit le Larousse. Il ne précise pas que « la » fête par excellence où l’on offre un cadeau (voire plusieurs), c’est bien Noël ! C’est dans une semaine, alors si vous n’y avez pas encore pensé, il est grand temps de vous y mettre. Les commerces en tout genre ont pourtant multiplié les occasions ces dernières semaines, à coups de « promotions » baptisées (entre autres) « black Friday »


   Notre ami Antoine Furetière, dans son « Dictionnaire universel » de 1690, a une définition du mot « cadeau » qui n’a rien à voir avec les emplettes auxquelles vous allez vous livrer jusqu’au 24 décembre ; pour lui, il s’agit d’un « grand trait de plume & fort hardy que font les Maistres Escrivains pour orner leurs escritures, pour remplir les marges, & le haut & le bas des pages. Les escoliers s'enhardissent la main à faire des cadeaux. » Si l’on veut bien chercher, on pourra dire que les « maistres commerçants » s’efforcent toujours d’orner leurs paquets, et que, dans certains magasins, on demande à de jeunes « escoliers » de « s’enhardir la main » à emballer les futurs cadeaux…

   Apparemment, depuis qu’Homo Sapiens a appris à vivre en société, il a pris l’habitude d’offrir des cadeaux. C’était une sorte d’échanges pas toujours désintéressés. Marcel Mauss, un des pères de l’anthropologie française, a consacré en 1925 une œuvre imposante sur « L’Essai sur le don » dont il ressort que donner quelque chose n’est pas toujours désintéressé, et que l’on attend souvent un « contre-don » en retour.

   Allons donc ! Qui pourrait croire que les « cadeaux » que vous allez chercher patiemment ces prochains jours pour les mettre sous le sapin pendant la nuit du 24 au 25 décembre ne seront pas désintéressés ? Ils ne le sont évidemment pas, mais c’est pour la plus belle des motivations : faire plaisir à celles et ceux auxquels vous les destinez, et surtout aux « petits » dont vous attendez que les yeux s’illuminent lorsqu’ils déferont les paquets que des « escoliers » auront fabriqué pour « s’enhardir la main »

   Mais, vous allez me dire, avec raison, tout ceci à un… coût. Et par les temps qui courent, on ne sait pas si le porte-monnaie et la carte bleue s’ouvriront aussi facilement que par un passé où il y avait une conjoncture plus favorable.

   Pour savoir ce qu’il en sera de ce que le Français dit « moyen » compte dépenser en 2024, les enquêtes ou sondages réalisés pour cette année sont encore moins précis que lors des campagnes électorales. Il en ressort toutefois que la somme dépensée pour faire plaisir à ses proches tournera autour des 300 euros.

   Il y a aussi le « cadeau réveillon », incontournable dans cette période de fêtes. Toujours selon les mêmes sondages, le budget devrait se situer au niveau d’une cinquantaine d’euros par personne.

   A ce sujet, Antoine Furetière ajoutait justement sa définition spéciale du « cadeau » : « Se dit aussi des repas qu'on donne hors de chez soy deçà & delà, & particulierement à la campagne. Les femmes coquettes ruinent leurs galants à force de leur faire faire des cadeaux.» Sauf erreur de ma part, on n’est plus tout à fait, là, dans les « cadeaux de Noël »

   Heureusement, il y a d’autres façons d’envisager le « cadeau ». C’était le cas de Christian Bobin, poète bourguignon qui en avait sa propre définition : « Voir, entendre, aimer. La vie est un cadeau dont je défais chaque matin les ficelles, au réveil ». C’est superbe, et pour ce « cadeau-là », Noël est la plus belle des circonstances…

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