top of page

Chambre

(PR) – « Pièce où l’on couche », nous disent les dictionnaires Robert et Larousse pour ce mot qui va nous intéresser doublement cette semaine. Non pas pour cette définition, pas plus que pour « enceinte obscure de l’appareil photographique », ou d’autres encore, car ce mot venu du grec « kamera » a beaucoup d’applications possibles. Mais il désigne aussi une « assemblée législative ». Nous y voilà ! Et il y a deux « chambres » qui, cette semaine, sont vraiment d’actualité…


   La première, vous vous en doutez, se situe à Paris sur la rive gauche de la Seine, et s’est longtemps appelée la « Chambre des députés », en fait depuis la première Restauration de 1814. Malgré les (nombreuses) fluctuations de l’Histoire, elle tint bon comme « chambre basse » du système parlementaire français. Il fallut une autre « restauration », celle de Charles de Gaulle en 1958, pour qu’elle devint ce qu’elle est aujourd’hui, à savoir une « Assemblée Nationale »

   Elle a connu ensuite des fortunes diverses, mais elle n’a certainement jamais été aussi chahutée que depuis la réélection d’Emmanuel Macron en 2022. Tout laisse à penser qu’il en sera (au moins) de même après le deuxième tour des élections législatives, dimanche 7 juillet prochain, qui va désigner 577 députés pour (en principe) cinq ans. Les grands serviteurs de l’Etat qu’étaient Colbert, Sully, D’Agesseau et De l’Hospital, dont les statues sont érigées devant le Palais-Bourbon (où se réunit l’Assemblée Nationale), risquent de se demander si leurs héritiers sont à la hauteur…

  La seconde de ces « chambres » dans l’actualité cette semaine, siège à Londres dans le «Palais de Westminster » au bord d’un autre fleuve « historique », la Tamise. Par les élections qui vont avoir lieu ce jeudi 4 juillet, les 650 membres de la «Chambre des Communes » seront appelés à soutenir (ou pas) un nouveau « prime minister ». L’actuel, Rishi Sunak, ayant décidé, comme l’a fait le président français Emmanuel Macron, de « donner la parole au peuple » pour essayer de se refaire une santé politique, a tenté le même coup de poker. On ne savait pas que les « chambres » législatives, à Londres ou à Paris, pouvaient prendre des airs de casinos comme à Brighton ou à Deauville…

   A Londres, il y avait eu pourtant un premier ministre nommé David Cameron qui avait lancé les dés du Brexit en espérant qu’ils rouleraient en sa faveur, et que l’Angleterre resterait arrimée à l’Europe. On a vu le résultat, et la « Chambre des Communes » n’a même pas servi à grand-chose depuis, surtout lorsqu’elle avait devant elle un dénommé Boris Johnson…

   A Paris, en 1997, le président Jacques Chirac, mal conseillé par Dominique de Villepin, avait tenté le même pari de rechercher une « chambre » plus confortable, à coup de dissolution, alors que rien ne l’y obligeait. Là aussi, le résultat fut l’inverse de ce qui était souhaité, et la nouvelle « chambre » le força à une cohabitation parfois tendue. Cela veut bien dire qu’en matière parlementaire, avant de lancer les dés, il faut bien les faire tourner dans sa main avant d’y aller – les joueurs de « 421 » le savent, eux…

   Il y a une autre « chambre » dont ne parle pas encore, mais qui sera renouvelée en novembre prochain, la « Chambre des représentants » américaine. Elle n’a pas un rôle décisif dans la vie politique outre-Atlantique, mais elle est révélatrice de l’état d’esprit de l’Amérique profonde, où Donald Trump chambre à sa façon…

    Pour finir avec un peu d’humour, rappelons ce qu’André Santini disait de Raymond Barre : « Quand il se tourne les pouces à l’Assemblée, il fait son jogging »

bottom of page