Convention
(PR) – « Aux Etats-Unis, congrès d’un parti en vue de désigner un candidat à la présidence », nous dit le Larousse. C’est ce qui va se passer dès aujourd’hui à Chicago où, sans surprise aucune, la vice-présidente Kamala Harris va être désignée pour affronter Donald Trump le 5 novembre prochain. Mais cette semaine, de ce côté-ci de l’Atlantique, va se tenir un autre genre de « convention », qui devrait permettre à Emmanuel Macron de trouver un premier ministre – là, c’est plutôt l’embrouille…
Traditionnellement, les conventions républicaine et démocrate sont, aux Etats-Unis, de véritables « shows » avec flonflons, grands discours, ovations pour le vainqueur et bons revenus pour les hôteliers de la ville…
Il y a quatre ans, pour cause de « covid », tout s’était passé en « virtuel », la démocratie américaine était privée de ce à quoi elle tient énormément.
Cette année, tout semblait devoir enfin retrouver le cours normal des choses. Pour Donald Trump, pas de problème, la convention de Milwaukee l’a désigné comme candidat du « Grand Old Party ». Pour les démocrates, toutefois, il y avait une ombre au tableau. Le débat du 28 juin entre le président et son challenger avait montré un Joe Biden disons « défaillant » face à son prédécesseur qui, à son habitude, multipliait les contre-vérités. Au point que certains « pontes » démocrates – et certains donateurs, dont on sait l’importance dans une campagne électorale américaine – commençaient à se demander si Joe Biden ne ferait pas mieux de se retirer…
Ce qu’il a fini par faire le 21 juillet, annonçant qu’il laissait la place à Kamala Harris. Aussitôt, une véritable « kamalamania » a vu le jour, et a regonflé le moral du camp démocrate. Au point, d’ailleurs, que son futur adversaire en est déboussolé. Lors de ses derniers meetings, il n’a su que recommencer ses attaques grossières et racistes. Certes, sa base adore cela, mais pour l’emporter le mardi 5 novembre, il faudra pouvoir compter sur des secteurs de l’électorat qui semblent mieux acquis à la démocrate – les femmes, les minorités…
En France, la « convention » qui s’annonce est d’une toute autre nature. Après avoir profité de la « trêve » olympique suivant le résultat – désastreux pour lui – des élections législatives qu’il avait décidées, le président Emmanuel Macron doit bien se retrousser les manches pour arriver à se dépêtrer de l’embrouillamini dans lequel il s’est imprudemment fourré.
C’est que le temps passe : les échéances budgétaires approchent, et il faut bien respecter la constitution, qui prévoit des dates butoir pour les finances de l’Etat. La Commission européenne a également l’œil soupçonneux et pourrait infliger une forte amende à la France. Ce n’est pas parce que la Belgique a vécu pendant 591 jours sans gouvernement qu’il faut en faire autant ! C’est pour essayer de l’éviter qu’Emmanuel Macron a invité – pas convoqué… – les représentants des partis à l’Assemblée nationale et au Sénat.
Historiquement, la seule Convention que la France ait connue a débuté en 1792, après l’échec de la Monarchie constitutionnelle ; elle a duré quelques trois ans pour déboucher sur la… Terreur, sinistre période ! Jean-Luc Mélenchon, qui a parfois professé son admiration pour Robespierre, a décidé d’employer les grands moyens pour saboter la « convention » qu’organise Emmanuel Macron : rien moins que demander la destitution du président !
On est bien loin de l’atmosphère enjouée qui va présider à la convention démocrate de Chicago ! Même Donald Trump n’oserait pas demander la tête de sa rivale – quoique, après l’assaut du Capitole, on peut s’attendre à tout avec lui…