Droits
(PR) – « Ce que chacun peut exiger, ce qui est permis, selon une règle morale, sociale ; droits de l’homme, définis par la Constitution de 1789 et considérés comme droits naturels », nous dit le Robert. C’est une définition qui peut servir de préambule à la « Journée mondiale des droits de l’homme ». L’Organisation des Nations unies avait invité, en 1950, tous ses Etats membres à célébrer cet événement chaque 10 décembre. Ce sera donc ce mardi, mais en parlera-t-on beaucoup, vu l’actualité ?
La notion de « droits de l’homme », telle que nous l’utilisons aujourd’hui, a mis longtemps avant de se concrétiser, mais il y a toujours eu, y compris dans l’Antiquité, des tentatives pour rendre la coexistence entre les descendants de « Homo sapiens » assez équilibrée et juste.
L’un des exemples les plus célèbres est évidemment le « Décalogue », plus connu comme les « Dix commandements ». Moïse les aurait reçus pendant le retour du peuple juif d’Egypte, lors de sa retraite au mont Sinaï. En fait, il s’agit plutôt d’une liste d’interdits que l’énoncé de « droits ». Mais, après tout, il vaut sans doute mieux fixer les règles avant de passer aux avantages…
La première manifestation officielle de la nécessité d’inclure des règles de vie en société dans le cadre d’une nation vint des jeunes Etats-Unis. C’est Thomas Jefferson, qui dans la « Déclaration d’indépendance » du 4 juillet 1776, introduisit la notion de « Droits humains ». Les « Pères fondateurs », en digne héritiers des « pèlerins » qui avaient gagné le nouveau monde pour vivre leur idéal religieux, ratèrent en partie leurs objectifs : la ségrégation n’était certainement pas prévue par les « droits humains », et il fallut deux siècles pour que les « droits civiques » soient appliqués comme des « droits de l’homme » fondamentaux qu’ils sont.
En 1789, à peine créée, l’Assemblée nationale française se mit en devoir de rédiger une « Déclaration des droits de l’homme et du citoyen » qui fut finalement promulguée par Louis XVI le 3 novembre 1789. Un bel exemple d’une pensée universaliste régissant les « droits » auxquels chaque être humain doit pouvoir prétendre. Si l’on en juge par les périodes troublées (euphémisme…) de la Terreur, elle ne fut pas évidente à mettre en œuvre, et la suite de l’histoire montra qu’elle allait subir beaucoup d’accrocs…
Ce que les législateurs de 1789 n’avaient pas prévu, c’est que l’utilisation du mot « homme » était trop restrictive. Dès 1791, Olympe de Gouges, féministe avant l’heure, publia une « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne », dans laquelle elle remettait en cause la pratique de l’autorité masculine et plaidait pour l’égalité des droits pour les femmes. Dans le même temps, elle s’élevait contre l’esclavage. Les révolutionnaires ne partageaient pas forcément ses demandes et, le 3 novembre 1793, elle finit sur l’échafaud. On parle de la « panthéoniser », elle le mériterait bien !
Si tous les pays membres des Nations unies sont signataires de la « Convention internationale des droits de l’homme », on ne peut pas dire qu’ils en soient tous des pratiquants assidus… Le « Conseil des droits de l’homme », dont le siège est à Genève, est souvent la cible de critiques. Il faut dire que l’on y trouve des pays à la « moralité » douteuse. Un exemple ? Les deux pays où l’on pratique le plus les exécutions capitales, la Chine et l’Arabie saoudite, en font partie sans vergogne.
L’histoire contemporaine est remplie de ces incongruités. Alors, pas de quoi s’étonner que le 10 décembre ait également été choisi pour une « Journée internationale pour le droit des animaux »…