Gouvernement
(PR) – « Dans un Etat, organe qui détient le pouvoir exécutif », nous dit le Larousse, et le Robert ajoute « corps des ministres ». C’est à la composition de ce « corps » que Michel Barnier, nommé « premier ministre » par le président Emmanuel Macron va devoir consacrer l’essentiel de son activité cette semaine – voire plus – pour donner une réalité au « gouvernement » français, dont la tâche ne s’annonce pas du tout facile, suite aux résultats des dernières élections législatives.
Le mot vient de « gouverner », ce qui signifie « tenir le gouvernail ». C’est assez amusant de voir que c’est à un Savoyard, homme de montagnes, que l’on demande d’être le capitaine du « France » en une période où la météo de ces prochains mois n’est pas assurée… Mais, après tout, le paquebot du même nom avait fini dans le port du Havre, ville chère à Edouard Philippe, qui vient d’annoncer, lui, qu’il est prêt à devenir le commandant de la flotte française. En politique, il y a des coïncidences qui sont dignes d’un sketch dans lequel Raymond Devos demandait quand la mer ne serait plus démontée…
Elle ne l’est pas, incontestablement, pour le commandant actuel du « France », Emmanuel Macron. Il avait parié sur le retour au grand calme en dissolvant l’Assemblée nationale après son échec aux élections européennes ; mais voilà, il n’avait pas consulté l’horaire des marées, qui annonçait des coups de mer importants. Quand on se veut Jupiter, on n’est pas Neptune !
Voilà pourquoi, après avoir longuement erré sur la grève – pas une de celles de la CGT, mais sur le sable du marais politique…– il a fini par ne pas choisir deux hommes riverains de la Manche, Xavier Bertrand et Bernard Caseneuve, pour donner, à celui qui s’était illustré dans l’organisation des Jeux olympiques d’hiver de 1992, l’occasion de former un gouvernement capable d’aller « tout schuss » pour traverser les turbulences qui s’annoncent.
Former un gouvernement, c’est au moins aussi difficile que, pour un sélectionneur de football, trouver la bonne formule pour bâtir une équipe future championne du monde, alors que des dizaines de millions de « spécialistes » vous attendent – au comptoir le plus souvent… La première recommandation est celle de Voltaire : « Le meilleur gouvernement est celui où il y a le moins d’hommes inutiles ». A l’époque, le patriarche de Ferney n’imaginait pas devoir engager une femme – donc pas Ségolène Royal, toujours prête, elle !
Michel Barnier a au moins un avantage, c’est qu’en matière de « gouvernement », il en a connu quelques-uns depuis qu’il est entré dans la vie politique. Il a même cette particularité d’avoir été aux responsabilités sous quatre présidents de la République. A commencer par François Mitterrand, qui avait fini par apprécier ce gaulliste ! C’était déjà une forme de cohabitation ; en plus le premier ministre d’alors était Edouard Balladur, qui pourrait lui servir de modèle afin de ne pas s’échouer…
Mais, comme je le comparais à un sélectionneur, il va lui falloir trouver des équipiers qui, pour ceux destinés aux principaux postes, soient « macrconcompatibles ». Pour le reste, il va devoir dénicher des ministres pouvant être acceptés par les députés susceptibles de ne pas déclencher tout de suite les foudres de la censure parlementaire.
Bref, les travaux qui l’attendent ne sont peut-être pas herculéens, mais ils s’annoncent pour le moins ardus… Maintenant que la « parenthèse enchantée » des Jeux est refermée, ils sont nombreux à vouloir (voire pouvoir) mettre des bâtons dans son gouvernail. Mais, après tout, comme le lui fait dire un dessin de l’ami Chappatte, « j’ai bien négocié avec les Angliches… »