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Kaléidoscope

(PR) – « Petit tube dont le fond est occupé par des fragments mobiles de verre colorié qui, en se réfléchissant sur un jeu de miroirs, y produisent d'infinies combinaisons de motifs symétriques », nous dit le Robert, qui ajoute aussitôt « succession rapide et changeante d’impressions, de sensations ». C’est à cette deuxième partie de la définition de ce mot, plutôt original, que l’actualité récente m’a fait penser. Avec d’abord, bien évidemment, les Jeux olympiques, où le « kaléidoscope » s’est mis en marche. Mais pas que


   Il faut commencer par préciser que notre ami Antoine Furetière n’aura pas son mot à dire sur le sujet, puisque le « kaléidoscope » est un jouet censé divertir les enfants, inventé au début du dix-neuvième siècle (bien après son « Dictionnaire universel, donc) et qui a connu tout de suite un vif succès à Paris.

  C’est d’ailleurs justement dans la capitale française que le « kaléidoscope » de l’actualité s’est mis en marche le 26 juillet 2024, avec la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympique. Le « petit tube » de la télévision nous a offert à profusion, grâce à ses « jeux de miroir » électroniques, une succession de scènes plus ou moins colorées (malgré la pluie), qui ont ébloui des millions et des millions de personnes – certains, d’ailleurs, ont trouvé que les « sensations » n'étaient pas convenables…

   Tout au long de cette quinzaine, le « kaléidoscope » olympique a offert des « impressions » qui mélangeaient bien toutes les couleurs. D’abord, les participantes et participants devaient regarder le fond du « tube » sans être certain(e)s de ce qu’ils allaient y trouver, du bonheur ou des larmes. Il y avait, certes, de somptueux décors pour les épreuves où ils concourraient, mais elles et eux devaient vraiment regarder par le petit bout de la lorgnette, en espérant vaincre plutôt que participer !

   C’était d’ailleurs la même situation pour les spectateurs, ainsi que pour les téléspectateurs du monde entier. La multiplication des épreuves retransmises presque vingt-quatre heures sur vingt-quatre faisait qu’on était emporté dans un tourbillon vraiment « kaléidoscopique »… On ne sait pas bien ce qu’il en restera dans les têtes et les cœurs maintenant que les jeux sont terminés : les reflets du « kaléidoscope » olympique sont-ils exportables ? Combien de temps peuvent-ils durer ? Jusqu’aux prochains jeux de Los Angeles en 2028 ?

   Le jouet qu’était, à l’origine, ce drôle d’engin ne s’est pas arrêté à des « jeux », fussent-ils olympiques. L’actualité dite « sérieuse » nous a offert récemment un « kaléidoscope » d’événements, le plus souvent tragiques, confirmant ainsi ce qu’écrivait Schopenhauer : « L'histoire a beau prétendre nous raconter toujours du nouveau, elle est comme le kaléidoscope : chaque tour nous présente une configuration nouvelle, et cependant ce sont, à dire vrai, les mêmes éléments qui passent toujours sous nos yeux. »

  Un exemple ? Les conflits du Proche-Orient, où le « kaléidoscope » dévoile au fond du tube les mêmes images de mort et de haine que l’on voit depuis… trop longtemps ! Là, pas de médailles à décerner, et aucun des participants ne trouvera la victoire au milieu des « infimes combinaisons » de l’horreur.

   Un deuxième exemple ? Il y a quelqu’un qui remue sans cesse le « tube », de la Tchétchénie à la Syrie, puis aujourd’hui en Ukraine, c’est Stalpoutine. Ce qu’il n’avait pas prévu – il avait le regard brouillé par la « succession rapide d’impressions » – c’est qu’un jour le « kaléidoscope » ne donnerait pas les « combinaisons » prévues : pour la première fois depuis quatre-vingts ans, une partie (certes infime) de la Russie est « envahie » : le David ukrainien menace le successeur de Staline…

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