Paralympisme
(PR) – « Institution, organisation des Jeux paralympiques » nous dit le Robert, qui précise que lesdits Jeux sont une « compétition similaire aux Jeux olympiques, pour des athlètes en situation de handicap ». Voici donc ce à quoi nous allons assister, à partir de ce mercredi 28 août, à la suite des compétitions « olympiques » qui se sont déroulées, à Paris principalement, du 26 juillet au 11 août. On a parlé à ce sujet d’une « parenthèse enchantée », mais c’était à propos de la politique ! Et cette fois-ci ? On verra…
Pour la dix-septième fois, donc, des athlètes que les circonstances de la vie ont rendu différents vont concourir dans des épreuves généralement adaptées à leur handicap. Curieusement, ce terme est également utilisé dans des courses de chevaux : on charge en poids tel ou tel concurrent pour que les chances soient égales. On voit mal procéder de même avec les athlètes « olympiques » qui viennent de concourir et d’éblouir le public, pour qu’ils soient confrontés à celles et ceux qui vont participer aux « paralympiques »…
On s’en doute, le baron Pierre de Coubertin n’a jamais imaginé de telles compétitions. Déjà qu’il ne voulait pas faire participer des femmes dont la place était, selon lui, à la maison, où à la rigueur, sur le stade pour remettre les médailles ; alors faire participer des « estropiés », il ne fallait même pas y penser !
C’est pourtant le sort des « estropiés » de guerre qui est à l’origine de ces jeux. Pour faciliter la réhabilitation des victimes de la Seconde guerre mondiale, Ludwig Guttmann, neurologue dans un hôpital britannique, a eu l’idée d’organiser en 1948, sur les terrains de l’établissement, les premiers « Jeux mondiaux des amputés et des chaises roulantes ».
Baptisés « Jeux de Stoke Mandeville », du nom de la ville britannique où se trouvait l’hôpital, ils acquirent progressivement une notoriété à laquelle le Comité International Olympique (CIO) finit par tendre l’oreille. Et en 1960, les « JO » de Rome furent suivis par les premiers « Jeux paralympiques ». Après quelques tergiversations, il fut décidé que ces compétitions se dérouleraient dans la même ville et dans le prolongement des « Jeux », ce qui fut le cas à partir de Séoul en 1988.
Il y avait une raison objective à cela : éviter d’avoir à construire ou adapter des infrastructures forcément très onéreuses (stades divers, village) dans deux villes différentes. Mais, surtout, c’est reconnaître et officialiser que le mouvement olympique, par sa véritable nature, doit être ouvert à toutes et tous. Les disciplines que pratiquent les athlètes sont les mêmes, quelles que soient leurs conditions physiques. « Plus vite, plus haut, plus fort », c’est valable pour chaque compétiteur…
Il y a cent ans, lors des Jeux de 1924, Paris n’avait pas à organiser de compétition « paralympique ». Il y aurait eu pourtant de quoi faire : le premier conflit mondial, qui s’était achevé six ans auparavant, avait non seulement provoqué des millions de morts, mais aussi des millions de ces « estropiés » de Verdun ou du Chemin des Dames, pour lesquels la République avait toutefois su inventer la « Loterie nationale des gueules cassées »…
Heureusement, les esprits ont petit à petit adopté une attitude plus ouverte, plus réaliste à l’égard de celles et ceux qu’on ose à peine encore appeler, aujourd’hui, des « handicapés » – comme il n'y a plus de « vieux » d’ailleurs… Les athlètes paralympiques dénoncent, eux, toute attitude « complaisante et paternaliste », comme cet ancien champion de tennis-fauteuil qui a baptisé son association « Comme les autres »… Du coup, la télévision va retransmettre l’intégralité des épreuves – comme pour les « autres »…