Rêve
(PR) – « Suite de phénomènes psychiques (d’images en particulier) se produisant pendant le sommeil », nous dit le Robert, tandis que le Larousse précise « fait de laisser aller librement son imagination ». Nous aurons l’occasion de nous y consacrer mercredi, puisque ce sera la « Journée mondiale du rêve ». J’avoue que, comme vous sans doute, je l’ignorais totalement. L’un des avantages d’Internet est que l’on peut y faire des découvertes et, donc, rêver un peu…
Cette journée mondiale consacrée au « rêve » a été créée par Oziama Egwuongwu, présentée par les réseaux dits sociaux comme la responsable de « BurnBright », une société basée à New York City, et reconnue par de nombreuses universités… Son but ? Utiliser les moyens du « rêve » pour offrir le meilleur « coaching » possible – autant dire afin que le « rêveur » soit aussi un gestionnaire très efficace tout en passant, bien évidemment, au tiroir-caisse…
D’accord, ce genre de promesse se retrouve un peu partout, et il y a, bien évidemment, des charlatans à l’œuvre parmi les « influenceurs » à la mode. Mais le « rêve », après tout, n’est-ce pas une situation qui touche – une nuit ou l’autre – tout être humain ?
L’ami Antoine Furetière, dans son Dictionnaire universel de 1690, n’est pas vraiment un rêveur ! Pour lui, le « resve » est un « ancien droit & imposition qui se lève sur les marchandises qui entrent dans le Royaume, ou qui en sortent ». On se doutait bien que, quel que soit le siècle, les douaniers ne sont certainement pas engagés pour être des rêveurs…
Quelque temps auparavant, Nicolas Malebranche – pas vraiment non plus un « rêveur » puisqu’il voulait faire la synthèse entre Saint-Augustin et Descartes – estimait dans son livre « De la recherche de la vérité » que le mot « rêve » dérivait du verbe « rêver » (on s’en serait douté). Celui-ci, orthographié alors « resver », signifierait « radoter, divaguer ». Là, on s’approche, semble-t-il, de la « vérité » que cherchait Malebranche.
De tout temps, le phénomène du « rêve » a suscité l’intérêt : a-t-il une signification, se demandaient déjà les Egyptiens ? Est-il utilisé par les Dieux pour faire savoir quelque chose aux mortels, pensaient les Grecs ? Quant à l’Ancien Testament, il en contient une bonne quarantaine selon l’historien Jacques Le Goff – pas un « rêveur » lui non plus… Les prophètes en sont, bien évidemment, les bénéficiaires en priorité – sinon, comment exerceraient-ils leur don ?
Quelques siècles plus tard, c’est Sigmund Freud qui a mis le « rêve » au premier plan. Il s’est fait connaître au monde entier en 1900 par son livre justement intitulé « L’interprétation du rêve ». Il voit dans nos divagations nocturnes la « voie royale vers l’inconscient ». A partir de là, les psychanalystes ont trouvé le moyen de faire s’allonger sur leur divan de plus en plus de monde. Dommage que l’on ne l’ait pas fait avec des « patients » comme Staline, Hitler ou Mao (pour ne citer qu’eux…). Ils auraient certainement raconté des choses qui auraient peut-être pu faire éviter bien des horreurs – on peut toujours rêver, non ?
L’actualité d’aujourd’hui ne porte pas beaucoup plus, il est vrai, vers le rêve. Où que l’on se tourne, ce sont plutôt des cauchemars que l’on observe, et il n’est pas évident de penser que cela va s’améliorer. Aux Etats-Unis, l’époque où Martin Luther King « faisait un rêve » va peut-être se réaliser à nouveau, si Kamala Harris réussit à éloigner le cauchemar Trump…
Pour finir d’une manière un peu plus optimiste, il y a un conseil à suivre, celui de Saint-Exupéry : « Fais de ta vie un rêve, et d’un rêve une réalité »…