Transparence
(PR) – « Qualité d'un corps transparent ; phénomène par lequel les rayons lumineux visibles sont perçus à travers certaines substances » nous dit le Robert à propos d’un phénomène qui a d’autres intérêts : « Parfaite accessibilité de l'information dans les domaines qui regardent l'opinion publique ». Voilà ce qu’ajoute, pour sa part, le Larousse. C’est un aspect qui, dans nos sociétés où les médias en tout genre sont de plus en plus présents, voire insistants, est vraiment d’actualité…
En 1690, lorsque parut son « Dictionnaire universel », l’ami Antoine Furetière se contentait de la première définition, « qualité d’un corps qui donne passage à la lumière ». Il est vrai que la « Gazette » de Théophraste Renaudot n’allait pas trop chercher la transparence, et que les auteurs des libelles révélant trop de choses sur le système royal finissaient souvent derrière les murs peu transparents de la Bastille…
Alors, pourquoi parler, aujourd’hui, de transparence ? Parce que l’actualité nous donne – entre autres – un exemple époustouflant de ce que la recherche de clarté dans l’information peut provoquer. C’est la révélation, pas à pas, des accusations portées contre l’Abbé Pierre qui en est l’illustration la plus éloquente. Le nombre des victimes potentielles de celui qui était vu jusque-là comme un saint homme (et le préféré des Français pendant dix-sept ans) a provoqué une tempête qui a fini par « donner passage à la Lumière ».
Il est vrai que l’Eglise catholique n’a jamais été un parangon en matière de transparence. On parle de la « grande muette » en ce qui concerne l’armée, mais, depuis fort longtemps, l’institution religieuse romaine n’a jamais été très bavarde dans ce domaine sensible. Comme les militaires, les ecclésiastiques n’aiment pas trop risquer de démoraliser leurs troupes, et de ternir leur image vis-à-vis de l’extérieur. Dans les deux instances, on a toujours préféré la « transparence à huis clos ».
Dans l’avion qui le ramenait d’un long périple en Asie, le pape François a manié la transparence d’une manière que l’on pourrait qualifier de « jésuistique » - ce n’est pas pour rien qu’il est issu de cette corporation catholique où l’on pratique l’art de la casuistique. En bref, il a dit que le Vatican avait su, mais seulement après la mort du vieil abbé. Pas de « transparence mortuaire » donc. Dieu, dit-on, reconnaîtra les siens et il est censé s’y connaitre en matière de transparence…
Il y en a, en tout cas, qui craignent une transparence susceptible de leur donner de l’urticaire. L’un des meilleurs exemples actuels est, sans conteste, Donald Trump. L’ancien président américain la redoute tant qu’il arrive à multiplier les mensonges – et pourtant... Le verdict de l’élection de 2020 a été clairement établi, mais il continue de dire qu’on lui a volé sa réélection. Dernière bourde en date : les immigrés clandestins mangent des chiens et des chats ! Le responsable de la police dit que ce n’est pas le cas ? Donald l’accuse de ne pas être impartial, donc pas transparent !
Il y a, par contre, des scientifiques américains qui ont réalisé la « transparence » de la peau de souris de laboratoire, en les badigeonnant avec une substance qui, paradoxalement, est un colorant alimentaire. Résultat, on devrait pouvoir observer des organes sans avoir à inciser ou à faire subir un traitement radiologique.
On ne sait pas s’ils entendent poursuivre leurs études à destination des humains. Certes, il existe bien en France une commission chargée d’examiner la « transparence » financière des hommes politiques. Mais la Cour des comptes et le Conseil constitutionnel ne vont pas, pour autant, se doter de flacons de ce produit miracle…