Trumpusconi
(PR) – Ne cherchez pas ce mot dans les dictionnaires de référence dont vous êtes, bien sûr, des utilisateurs réguliers, il n’y est pas encore ! Et pour cause, c’est en lisant une chronique d’un confrère du très sérieux quotidien « Les Echos » que cette idée m’est venue : alors que demain les Etatsuniens vont élire leur futur président, risquent-ils de choisir (une nouvelle fois) comme un clone de l’ancien président du Conseil italien ? Si elle ne se répète pas forcément, on sait que l’Histoire bégaie souvent…
Il y a, c’est certain, des ressemblances évidentes dans les parcours de vie (et pas seulement…) de Donald Trump et Silvio Berlusconi. Une première constatation, tous deux ont commencé leur carrière dans l’immobilier, à une époque où la pierre et le béton permettaient de faire un peu n’importe quoi, et surtout de belles fortunes. Le « Cavaliere » a, pour sa part, été plus « self made man » que le businessman newyorkais, lequel avait la chance d’avoir un père qui lui avait mis le pied à l’étrier.
Ensuite, les deux hommes d’affaires (dans tous les sens de ce terme…) se sont lancés dans l’aventure télévisuelle. Pour Silvio Berlusconi, ce sera par la création d’un groupe télévisuel, Mediaset, intégré dans son holding Fininvest. Canale 5, Italia 1, Rete 4, vont être les premiers piliers de son empire. Il essaiera ensuite de se lancer en Europe, avec La Cinq en France, Telefünf en Allemagne et Telecinco en Espagne – avec plus ou moins de succès…
Pour Donald Trump, l’expérience télévisuelle va s’acquérir en mettant la main à la pâte, c’est-à-dire en animant une émission de téléréalité, « The Apprentice » où il va peaufiner des qualités de bateleur qui lui seront bien utiles par la suite. Il se rendra célèbre par son expression « You’re fired » (« vous êtes viré ») qu’il ne se privera pas de répéter dans ses meetings politiques à l’égard de ses adversaires, tout récemment encore pour Kamala Harris.
Pour mieux établir leurs empires financiers, les deux hommes vont nouer des relations avec le monde politique. Silvio Berlusconi sera même membre de la « Loge P2 », organisation « secrète » plutôt sulfureuse, ce qui ne l’empêchera pas de devenir président du Conseil italien à trois reprises.
Donald Trump, lui, découvrira les charmes de la politique en s’inscrivant au parti républicain pour s’opposer à George W. Bush. Cela le conduira même à faire un séjour chez les démocrates ; mais vexé de ne pas recevoir l’accueil qu’il pensait mériter, et se voyant préférer Barak Obama, il reviendra dans le « GOP » (Grand Old Party, parti républicain) ; à la surprise générale, il réussira, à force de bagout, à enlever les primaires de 2016, et à devenir le candidat républicain face à Hillary Clinton. On ne lui donnait pas beaucoup de chances face à celle qui avait été secrétaire d’Etat, mais on a vu (hélas !) le résultat…
Un autre point commun entre les deux hommes, leurs positions à l’égard des femmes. On se souvient que Silvio Berlusconi a eu des démêlés judiciaires pour avoir organisé des soirées « bunga bunga » auxquelles participaient même des jeunes filles mineures. Quant à Donald Trump, outre ses fréquents propos graveleux, il a été condamné pour agression sexuelle – entre autres procédures judiciaires, y compris celles visant l’assaut du Capitole pour tenter de faire échouer la confirmation de la victoire de Joe Biden.
Alors, Trumpusconi sortira-t-il vainqueur des élections ? Pour tenter de conjurer le sort, en rappelant que l’éléphant est le symbole du parti républicain, je vais plagier le titre d’un film : « Un éléphant, ça trompe énormément »… à coups de Trump !