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Aoûtobre

PR) – J’ai cherché, en vain, dans mes dictionnaires favoris, la définition de ce mot que j’avais déniché, par hasard, sur une des branches des « réseaux-dits-sociaux ». Elle ne peut pas exister, puisque cette drôle d’expression a été inventée par des habitants de régions (européennes) où la météo a fait des caprices en ce début du mois d’août qui, d’ordinaire, est celui de la chaleur, voire de la canicule.  Au point que les touristes se demandent, justement, s’ils sont en août ou en octobre…


  On avait cru ne jamais revoir la période torride d’il y a vingt ans, Vous vous en souvenez certainement, l’été 2003 avait été vraiment caniculaire sur toute l’Europe. En France, par exemple, on avait dénombré plus de 20'000 décès dus à la chaleur, notamment parmi les personnes âgées. Au point qu’on avait assisté à des scènes proprement hallucinantes, puisque, les morgues étant débordées, on avait dû entasser des cadavres dans des chambres froides des Halles de Rungis…

  L’an passé, on avait également connu un premier acte de forte sécheresse et de chaleur. Alors cette année, instruits par l’expérience, nombre de touristes avaient décidé de se rendre dans  des régions en principe à l’abri d’épisodes caniculaires, choisissant donc la partie ouest de l’Europe. Eh bien, ils ont été servis !

   Sur les côtes d’Angleterre, de Bretagne, de Normandie, de Belgique, mais aussi dans l’intérieur des terres, on a enregistré, depuis le début de ce mois, des records de précipitations et de froid – ironiquement après ceux de sécheresse et de chaleur en juin et juillet. D’où l’impression, pour celles et ceux qui avaient pensé choisir un été modéré, de se voir déjà en automne. Avec un peu d’imagination, on crée aussitôt le mot « aoûtobre », et certains avaient même anticipé avec « juillembre », également repéré sur la Toile…  Du coup, on entend la « sagesse populaire » expression qui ne signifie pas grand-chose – dire : « Y’a plus d’saisons ma pauv’ dame » !

   D’accord, on a tous, plus ou moins, utilisé cet adage. Mais encore faut-il s’entendre sur ce c’est qu’une saison… « Epoque de l’année caractérisée par un certain climat »,  définit le Robert. Son prédécesseur, le « Dictionnaire universel » de l’ami Antoine Furetière, ne disait pas autre chose en 1690. Il précisait toutefois, évidemment, que l’été était « la chaude, l’ardente saison où l’on moissonne ». Mais il ne parlait pas de dérèglement climatique…

   Alors, que penser de ce que nous connaissons ces jours-ci, avec ces perturbations qui nous font douter de la réalité de l’été ? Voici l’opinion d’un climatologue, du CNRS : « On a un peu perdu l’habitude, ces dernières années avec des étés assez secs, des épisodes pluvieux comme celui que nous traversons, et qui n'ont rien d’exceptionnels ».

   Au moment où ces lignes étaient écrites – pour reprendre une expression classique permettant aux journalistes de se mettre à l’abri des « intempéries » des critiqueurs de tout poil – il semblerait que les « jetstreams » qui bloquaient le fameux anticyclone des Açores, favorisant ainsi l’arrivée des dépressions pluvieuses, remontent ces prochains jours vers la Scandinavie. Avec un peu de chance, « août » devrait se débarrasser du « obre », et l’été devrait donc revivre sa vie !

   Pour célébrer ce retour à la normale, je ne résiste pas à vous faire don de cette citation de Michel Audiard, digne des « Tontons flingueurs » : « L’été, les vieux cons sont à Deauville, les putes à Saint-Tropez, et les autres sont en voiture un peu partout ! » Donc, avec « Aoûtobre », ils auraient dû  tous rester à Paris…

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