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Assomption

(PR) – « Elévation et présence corporelle de la Vierge Marie au ciel après sa mort. L’Assomption est un dogme de l’Eglise catholique.  Elle est célébrée le 15 août », nous disent les dictionnaires. En fait, la plupart de celles et ceux qui sont en vacances ou qui se réjouissent de « faire le pont » pour le 15 août n’ont certainement aucune idée du pourquoi de cette « festivité ». Il faut dire que le christianisme, comme d’autres religions, a sa part de phénomènes plus ou moins compréhensibles par le commun des mortels…


   Les journalistes des premiers temps de l’ère chrétienne – je veux parler des évangélistes, qui étaient, en principe, au premier plan pour suivre l’actualité concernant Jésus et sa famille… – ne sont justement pas très bavards en ce qui concerne ce qu’il advint de sa mère, Marie. On la sait présente au Calvaire et au Tombeau, bien sûr, mais après ? C’est encore pire pour son mari, Joseph, qui ne fait que de la figuration dans les textes sacrés…

   Pour l’Assomption, notre fidèle Antoine Furetière, auteur du « Dictionnaire universel » de 1690, ne dit pas plus que ce qu’on savait à son époque : l’Assomption est une « Feste qu'on celebre en l'honneur de l'enlevement miraculeux au ciel de la Sainte Vierge en corps & en ame. » Il ajoute qu’  « on l'appelle aussi la Mi-Oust, à cause qu'elle arrive le quinziéme d'Aous ».

   Comme c’est très souvent le cas avec le christianisme à ses débuts, la tradition a récupéré une célébration « païenne » pour y glisser une fête « chrétienne ». Les Romains avaient l’habitude, le 15 août, de célébrer les « Feriae Augusti » en hommage aux victoires de l’empereur Auguste.

   Il semblerait que ce soit dans l’empire byzantin que l’on ait commencé à célébrer la « dormition » (le sommeil éternel) de Marie, à la date du 15 août. Petit à petit, cette fête a pris de l’importance dans toute la chrétienté. En France, le roi Louis XIII, qui n’arrivait pas à avoir de descendant, décide en 1638 de demander à toutes les paroisses d’organiser à cette date une procession en l’honneur de la Vierge. Coup de chance, l’année suivante le futur Louis XIV voyait le jour ! Il paraît que l’attachement des Français au 15 août vient (venait…) de là – mais, près de trois cents ans plus tard, les congés payés ont donné un autre sens à cette fête religieuse.

  Les artistes de la renaissance ont su utiliser ce thème, à grands renforts d’angelots escortant celle qui deviendra la « bonne mère » vers les cieux. Fra Angelico, Poussin – pas le dessinateur genevois,,, – ont ainsi su magnifier ce qui deviendra un « dogme » en 1950, du temps du pape Pie XII, qui n’était pourtant pas porté, semble-t-il, vers les célébrations artistiques…

   En fait, le 15 août est entré dans les mœurs comme date charnière dans le déroulement de l’été. Les Italiens, par exemple, s’inspirant avec « ferragosto » des festivités de leurs ancêtres (supra), ont l’habitude de quitter les grandes villes pour aller sur les plages de l’Adriatique où les parasols abritant les chaises longues poussent comme champignons après la pluie !

   Les dictons populaires s’y rattachant tournent d’ailleurs souvent autour des bons présages que cette date peut représenter pour le monde agricole. C’est en effet une période où les moissons doivent se terminer, et, dans beaucoup de campagnes, des processions étaient organisées autant pour célébrer les greniers bien remplis que la « dormition » de Marie…

   Curieusement (pas tant que cela finalement en France) le thème qui revient le plus souvent a trait à la vigne… Un seul exemple ? « Du soleil à l’Assomption, beaucoup de vin et de bon… » Comment sera le millésime 2023 ? Réponse demain !

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