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Trêve

(PR) – « Cessation temporaire de tout acte d’hostilités », nous dit le Larousse. Une belle définition pour ce que l’on réclame de divers côtés afin que les forces israéliennes et celles du Hamas cessent leur affrontement, et que l’on puisse ainsi apporter un secours « humanitaire » aux populations civiles de cette « bande de Gaza » martyrisée par un conflit sans fin. Ce mot de « trêve » a connu bien des acceptions tout au long de l’Histoire, sans aboutir forcément à une cessation définitive des hostilités


   La première « trêve » que l’on ait retenu dans l’Histoire, était la « trêve olympique », qui devait avoir lieu lors des premiers « Jeux ». Les témoignages les plus divers montrent qu’elle était plus ou moins respectée, permettant notamment aux athlètes de traverser les zones « sensibles » pour gagner le sanctuaire d’Olympie. Les violations de cette période de « trêve », qui devait durer un mois, paraissent assez rares. Même l’historien Xénophon n’a trouvé à relater qu’une filouterie des Argiens (des habitants du Péloponnèse, pas des Argoviens…) qui avaient essayé de faire croire aux Spartiates (habitants de Sparte pas des…) qu’il ne fallait pas s’agresser, alors qu’en fait le mois de « trêve » était dépassé…

   On a remis à l’ordre du jour la notion de « trêve » lorsque la Chrétienté décida, lors du synode d’Elne en 1027, d’instaurer une « trêve de Dieu ». Il s’agissait alors d’interdire les guerres « privées » auxquelles se livraient les seigneurs toujours prêts à prendre les armes pour agrandir leurs territoires. Plus question, alors, de combattre pendant ce que l’on n’appelait pas encore le « week-end », du vendredi au lundi. Pour faire bonne mesure, l’Eglise ajoutait quelques périodes comme l’Avent, Noël et Pâques.

   Au fur et à mesure des siècles, on utilisa de temps à autre la notion de « trêve » avec plus ou moins de succès. On aurait mieux fait, souvent, de parler de « répit ». C’est un peu ce qu’envisageait l’ami Nicolas Furetière dans son « Dictionnaire universel » de 1690. Il se veut même optimiste : « On fait souvent des treves pour parvenir à la paix. Les treves de longues années tiennent lieu de paix entre des Princes dont on ne peut terminer les differents. ».

   Il avait sous les yeux la « Trêve de Ratisbonne », signée en 1684 entre le roi Louis XIV et l’empereur autrichien Leopold Ier, qui acceptait les avancées françaises après la guerre de Hollande, permettant à Strasbourg et Besançon de devenir françaises. Mais ce n’était vraiment qu’une « trêve », puisque le conflit de la Ligue d’Augsbourg allait éclater peu après – il ne faut pas laisser les armées inoccupée trop longtemps…

   Une autre « trêve » est celle – non officielle, bien évidemment – qui eut lieu le 25 décembre 1914, dans les tranchées aux abords de la ville belge d’Ypres, où les soldats britanniques, épuisés après six mois de terribles combats, s’efforçaient de prendre un peu de repos. Alors que les canons se taisaient depuis quelques minutes, ils entendirent des chants de Noël monter des lignes allemandes.

   Les témoignages recueillis par la presse britannique font état d’un vrai miracle : les soldats des deux camps seraient sortis dans le « no man’s land » séparant les tranchées, et auraient « fraternisé » pendant quelques instants. Mais la « trêve » n’allait pas durer. Christian Canon lui a toutefois consacré un film au titre réconfortant au vu des circonstances, « Joyeux Noël »

   Et puis, il existe dans le jargon des médias français la « trêve des confiseurs », période autour de Noël et du Nouvel-An, où les hommes politiques sont censés ne pas s’envoyer des marrons – sauf glacés, bien sûr. Cela faisait dire à l’humoriste Guy Carlier : « Trêve des confiseurs, d’accord, mais pourquoi pas la trêve des cons tout court » !

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