Visite

(PR) – « Fait d’aller voir quelqu’un et de rester avec lui un certain temps », nous dit le Robert, et le Larousse précise qu’il s’agit aussi « d’attendre la visite d’un chef d’Etat étranger ». C’est ce qui va se produire en France cette semaine, puisque deux souverains (j’aurais d’ailleurs pu choisir ce mot…) vont fouler le sol de l’Hexagone : d’abord Charles III, roi d’Angleterre, et le pape François. Un point commun entre eux : ils sont tous deux en même temps « souverains » d’un Etat et d’une Eglise…

Il ne faut pas l’oublier, en effet, Charles III – que l’on a connu pendant plus de soixante-dix ans comme « Charles, prince de Galles » – est certes d’abord le souverain du Royaume-Uni et d’Irlande du Nord, auxquels on doit ajouter quatorze autres Etats souverains réunis dans le « Commonwealth », lequel compte au total cinquante-six Etats et dépendances. Rien que cela, cela fait de l’occupation…

Mais il est également « Gouverneur suprême de l’Eglise d’Angleterre », un titre créé en 1534 par son lointain prédécesseur Henri VIII, celui qui coupa les relations avec l’Eglise de Rome. Une histoire de femmes, diront les mauvaises langues : le roi Henri – dont on ne sait pas si comme Henri IV en France, on le surnommait « le bon roi Henri »… – voulait se séparer de sa femme Catherine d’Aragon pour épouser la belle Anne Boleyn.

Ce qu’il fit en 1534, et, en même temps, il proclama l’Acte de suprématie qui faisait de lui le chef de l’Eglise d’Angleterre. Cela ne fit pas le bonheur d’Anne Boleyn, qui fut décapitée cinq ans plus tard, suite à des accusations perfides d’inconduite. Elle avait eu le temps de donner naissance à celle qui allait devenir Elizabeth Ière. Sur te trône pendant quarante-quatre ans, celle-ci fit preuve de fermeté comme…

…Elizabeth II, la mère de Charles III – est-ce le prénom qui veut cela ? – laquelle n’avait certes pas officiellement de pouvoir mais sut en exercer en coulisses. Et son fils dut attendre longtemps avant de monter sur le trône. L’ironie de l’Histoire est qu’il a donc commencé à « travailler » bien au-delà de la « retraite à soixante-quatre ans ». Ce sont les soubresauts de la crise consécutive à cette réforme qui avaient provoqué, en mars dernier, le report de sa visite. Il sera donc mercredi à Paris, et les (très) mauvaises langues disent que le cortège ne passera pas par le tunnel du pont de l’Alma…

Le pape François, lui, est souverain d’un Etat qui est grand comme quelques terrains de football – cela tombe bien, comme Argentin il adore ce sport – mais dont l’influence s’étend sur le monde entier. Son réseau diplomatique est certainement l’un des mieux renseignés qui existent et même lorsqu’il se rend voir les quelques milliers de catholiques en Mongolie, les médias le suivent – tout comme Pékin et Moscou.

Cette fois, le pape arrive en visite dans la ville de la « Bonne Mère », cette Marseille qui fait parler d’elle en ce moment (hélas !) pour des « narcohomicides » à répétition. Mais le Souverain Pontife vient surtout pour rappeler aux pays riverains de la Méditerranée que notre « Mare nostrum » ne doit pas se transformer en cimetière pour migrants venus du Sud. L’actualité récente de l’île de Lampedusa rappelle combien ce problème est délicat. Les appels répétés de François à plus d’accueil ne sont pas toujours faciles à entendre.

Clin d’œil à l’Histoire, le pape ira au Stade Vélodrome de Marseille, non pas pour un match de l’OM, mais pour y célébrer une messe. Alors que sort une série télévisée sur Bernard Tapie, « héros » de l’OM il y a trente ans, avec la victoire en Coupe d’Europe. Tempi passati…