Avion
Avion (PR) – « Appareil capable de se déplacer dans l’air, plus lourd que l’air, muni d’ailes et d’un organe propulseur », nous dit le Robert, à propos de ces engins qui vont s’exposer, à partir d’aujourd’hui, sur le tarmac du Bourget, à l’occasion de la 54e édition du « Salon International de l’aviation et de l’espace ». Avec des dizaines d’appareils en tout genre, on sera bien loin de l’espace réservé en 1909 aux « choses de l’air » lors d’un des premiers salons de… l’automobile, au Grand Palais !
Il y a plus d’un siècle – le 3 octobre 1890 – un chercheur du nom de Clément Ader embarquait à bord d’un drôle d’engin qu’il affirmait pouvoir faire voler. En avril de la même année, il avait déposé un brevet pour un « appareil ailé pour la navigation aérienne baptisé Avion ». « L’Eole », le premier « avion » était effectivement ailé, ressemblait à une grosse chauve-souris plus qu’à un oiseau (avis), avait un moteur à vapeur (!) de 20 chevaux, mais il ne fit guère plus qu’un petit bond d’une cinquantaine de mètres dans le parc d’un château au sud de Paris.
Quelques autres tentatives ne furent guère plus réussies. Il fallut attendre le 14 décembre 1903 pour qu’à Kitty Hawk, en Caroline du Nord, deux Américains, les frères Orville et Wilbur Wright réalisent le premier véritable vol motorisé à bord du « Flyer ». L’aventure commençait. Vingt-quatre ans plus tard, un jeune aviateur « parti inconnu mais arrivé célèbre », Charles Lindbergh, se posait le 21 mai 1927 sur un aérodrome au nord de Paris, près d’un gros village, Le Bourget…
Il y avait des milliers de spectateurs, ils firent la fête au grand gaillard de plus d’un mètre quatre-vingt-dix qui sortait du « Spirit of Saint-Louis », un drôle d’engin monomoteur à bord duquel il avait survolé l’Atlantique pendant trente-trois heures. Mais personne ne pouvait imaginer que, moins d’un siècle plus tard, des dizaines de millions de Terriens effectueraient le même trajet chaque année dans des conditions plus confortables… Il était encore moins envisageable que, sur cette pelouse située, à l’époque, presque au milieu de nulle part, allait se bâtir une sorte de « monument » à la « gloire » du monde aéronautique, avec ce fameux salon, qui a toujours rivalisé avec celui de Farnborough, de l’autre côté de la Manche. En 1909, Louis Blériot l’avait traversée, réalisant ce dont Napoléon avait rêvé, la « conquête » de l’Angleterre…
Puisqu’on en est à évoquer des exploits aéronautiques, rappelons celui des frères genevois Armand et Henri Dufaux qui, en 1910, une année après Blériot, réalisèrent la traversée du Léman dans sa grande longueur, doublant largement la distance parcourue par le Français !
On ne parlera pas de ces « ancêtres » lors du Salon du Bourget 2023, mais plutôt de ce qui devient l’obsession de tout le milieu aéronautique : il faut voler « vert », donc « décarboné ». « Vaste programme », aurait pu dire un certain général… Après la période « covidienne » qui a vu s’effondrer le marché du transport aérien, la reprise de la demande est désormais telle que les compagnies multiplient les commandes. Airbus et Boeing n’arrivent plus à suivre…
Les compagnies se sont lancées dans l’utilisation du carburant « vert », le fameux SAF (sustainable aviation fuel), qui permet des réductions importantes d’émissions de CO2, mai qui… coûte très, très cher !
Alors, comment sera l’avion de demain dont on parlera beaucoup au Salon ? Pour reprendre la définition du Robert, il aura toujours des ailes, mais comment sera son « organe propulseur » ? Au Bourget, il y a 350 « start-up » qui proposent leur solution. On rajeunit d’un siècle !