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Ballon

(PR) – « Aéronef utilisant un gaz plus léger que l’air comme moyen de sustentation dans l’atmosphère, et n’ayant aucun moyen de propulsion », voilà la définition que le Larousse nous donne concernant l’engin chinois qui, pendant quelques jours, a survolé l’espace aérien américain, avant d’être abattu par un avion de chasse au-dessus de l’Atlantique. Les relations entre les deux pays se sont, comme on dit, « refroidies ». Et pourtant, il y a plus de cinquante ans, un tout petit « ballon » les avait dégelées…


   Le petit « ballon » en question n’a rien à voir avec celui qui a survolé les zones très sensibles du Montana (bases aériennes et stratégiques). Il s’agit d’une sorte de bille de celluloïd pesant trois grammes, de quatre centimètres de diamètre, qui est utilisée par les joueurs de « ping-pong », ou, pour les sportifs, de « tennis de table ». Un sport très populaire dans le pays régenté alors par Mao Tsé-toung.

   Voilà qu’en 1971, à une époque où la Chine « rouge » et les Etats-Unis étaient à couteaux tirés, se produit un événement jusque-là impensable : une équipe sportive américaine était invitée à venir découvrir les charmes de la République populaire et à croiser non pas le fer mais la petite balle avec les meilleurs « pongistes » chinois.

  Tout cela parce que, lors des championnats du monde de la discipline à Nagoya au Japon, l’année précédente, le numéro un américain (dont on dit qu’il était une sorte de « hippie »), s’était trompé de bus et avait pris celui des Chinois ! Il avait sympathisé avec eux et leur avait dit qu’il aimerait bien aller jouer en Chine. Il paraît que l’information était remontée aux oreilles de Mao, et en avril 1971 donc, les « pongistes » américains débarquaient à Pékin pour un séjour qui fut amplement  commenté.

   Ce que l’on ne pouvait pas savoir, c’est qu’en coulisses la « diplomatie du ping-pong » allait se traduire par un voyage très secret, celui d’Henry Kissinger, alors conseiller à la sécurité nationale des Etats-Unis. Il rencontra Mao et le premier ministre Chou En-lai, préparant ainsi la visite du président Richard Nixon en février 1972. « Vingt-cinq ans d’ignorance réciproque prennent fin », écrivait alors un jeune éditorialiste de « La Suisse ».

   Petite balle de celluloïd contre gros ballon dit « d’observation météorologique » : ce rapport anecdotique montre que les temps ont bien changé en un demi-siècle entre ces pays qui sont désormais les  deux « grands » de ce vint-et-unième siècle commençant. A l’époque, la Chine cherchait à se faire reconnaître de la vraie « puissance » qu’étaient les Etats-Unis, espérant ainsi récupérer le siège de membre permanent au Conseil de sécurité des Nations unies, alors occupé par Taiwan. Le petit « ballon » du « ping-pong »  a finalement rebondi du côté souhaité par Pékin

    On va bien sûr se demander maintenant ce que les Chinois ont voulu tester en envoyant leur gros « ballon » en direction de leur rival . Les spécialistes américains vont récupérer les moindres miettes de ce gros engin pour en savoir plus, car ces « ballons » spéciaux peuvent être très utiles en matière de renseignement, pas seulement météorologique…

   C’est l’occasion de rappeler qu’en 1998, la Chine avait refusé son survol par un  « ballon » tout à fait inoffensif, lui, « Breitling Orbiter 2 », qui avait ainsi échoué dans sa tentative de tour du monde. L’année suivante, le « ballon » numéro 3 avait permis à Bertrand Piccard et Brian Jones d’être des « ballonistes » heureux !

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