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Février

(PR) – « Deuxième mois de l’année, qui a 28 jours (ou 29 dans les années bissextiles) ». Le Larousse n’est pas bavard, alors qu’il y a certainement plus de choses à dire sur ce mois qui n’est pas tout à fait comme les autres. Tout d’abord, il est le seul mois à compter moins de trente jours, et, en plus, il s’offre une particularité supplémentaire avec le fameux jour supplémentaire des années bissextiles. Il y a de quoi y perdre son latin…


En parlant de latin, justement, les Ro-mains, pour lesquels l’année commençait en mars, avaient baptisé le dernier mois de leur année « Februarius ». Pourquoi ? Parce qu’à la presque fin de l’hiver – à Rome on ne connaissait pas trop la froi-dure – il était temps de faire une « februa » (purification) lors des « Lupercales » : ces fêtes se déroulaient devant une grotte, au pied du Mont-Palatin, où Romulus et Ré-mus auraient été allaités par une louve… Bref, c’était l’occasion de remettre les compteurs à zéro (même si ce chiffre n’existait pas à l’époque…) et de repartir d’un bon pied pour une nouvelle année.

D’accord, mais comment expliquer que ce mois soit amputé de deux jours par rap-port à un mois « ordinaire » ? Là encore, les interprétations sont parfois fantaisistes : pour que Jules (César) et Auguste (l’empereur qui lui succéda) soient sur un pied d’égalité, on piqua deux fois un jour à ce pauvre « Februarius » qui n’intéressait pas grand monde, et on les rajouta aux mois de juillet (Jules) et août (Auguste), des périodes plus intéressantes même si, à l’époque, il n’y avait pas de vacances…

Du coup, le mois de février possède une originalité : c’est le seul de l’année qui ait exactement le même nombre de se-maines : vingt-huit jours divisés par sept, cela fait bien quatre. Sauf quand on lui rajoute ce jour « intercalaire », comme le dit notre ami Antoine Furetière dans son « Dictionnaire universel » de 1690 – il fal-lait bien que je m’y réfère ! Sa conclusion ne manque pas de piquant, puisqu’il pré-cise que « le peuple dit en pro-verbe, Fevrier le court le pire de tous, on entend pour la gelée ou le mauvais temps. »

   Le mauvais temps ou la gelée de février sont effectivement des événements qui se répètent régulièrement, mais dont les météorologues n’avaient pas toujours, à une certaine époque, les moyens de le faire savoir pour alerter les populations. En 1956, un blizzard s’abattit sur l’Europe et, dans mon village, avec une température de moins trente-deux degrés, l’école fut suspendue pendant quelques jours, le poêle à bois n’arrivait plus à suivre…

   Autre exemple, le 17 février 1985 la « neige du siècle » vint couvrir toute la région de Genève en une nuit, d’une belle couche de plus de soixante centimètres. Celles et eux qui ont vécu cette période en gardent de plus ou moins beaux souvenirs.

   Dans la chronique de février, on peut ajouter quelques événements ayant marqué la vie française : en 1848, ce fut la chute définitive de la monarchie, le roi Louis-Philippe chassé du trône ; le 6 février 1934, plus grave, une manifestation d’extrême-droite se lança à l’assaut du Palais-Bourbon, et les victimes furent nombreuses.

   Du coup, je vais laisser la parole à Coluche pour qui « février est le mois de l’année où les politiques disent le moins de conneries, car il n’a que vingt-huit jours ». Avec le climat politique actuel, il n’est pas certain qu’il ait encore raison…  


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