Jupiter
(PR) – On a le choix pour la définition de ce mot : « La plus grosse des planètes so-laires » ; ou bien : « Dieu romain, fils de Saturne et Rhéa ». D’accord, me direz-vous, mais pourquoi choisir un tel mot ? D’abord parce que, depuis vendredi dernier, une sonde spatiale est partie pour un long périple vers la planète en question, à la décou-verte de lunes glacées ; mais aussi parce que c’est le surnom prêté au président Em-manuel Macron, dont le périple va l’amener à fréquenter des lunes qui pourraient être, elles, bouillantes…
Il fut un temps où la moindre aventure spatiale tenait en haleine les populations qui n’avaient jamais imaginé – à part Cyra-no de Bergerac…– qu’on puisse s’éloigner de notre « plancher des vaches » (selon la formule consacrée). Les plus de soixante-dix ans se souviennent, eux, de la stupé-faction ressentie aux premiers « bip bip » de Spoutnik-1, les plus de soixante ans du premier tour de la Terre par Gagarine, les plus de cinquante des premiers pas d’Armstrong sur la Lune….
J’arrête là, parce que le lancement réus-si vendredi dernier par la fusée Ariane pour envoyer un engin d’une masse de six tonnes, n’est que le tout début d’une des plus fantastiques missions spatiales jamais réalisées par l’Europe – à un prix d’environ 1,7 milliard d’euros on n’en attend pas moins… Rendez-vous dans huit ans, après 775 millions de kilomètres parcourus, un certain nombre de passages vers Vénus, le Soleil, la Terre, tout cela pour jouer à une sorte de billard astronomique à plusieurs bandes avant de rejoindre Jupiter.
Les responsables des programmes spa-tiaux ayant parfois un humour pince-sans-rire, la brave sonde s’appelle « Jus » – pardon, « Juice » un acronyme qui définit bien la mission « JUpiter and ICy moons Explorer », ou « exploration des lunes gla-cées de Jupiter ».
Les Hellènes, qui avaient découvert et baptisé du nom de Jupiter un objet lumi-neux tout là-haut, ne se doutaient certai-nement pas qu’un jour on irait se balader dans cette région où tournicotent des « lunes » dont certaines sont de drôles de boules de glace, avec même des océans souterrains ou d’autres particularités presque inimaginables pour un esprit ter-rien…
Dans son « Dictionnaire universel » de 1690, Antoine Furetière consacre un long chapitre, pour l’époque bien détaillé, à la planète, mais il fait aussi remarquer que Jupiter « en Poésie & chez les Payens, estoit le plus grand de leurs faux Dieux ».
On ne sait pas si Emmanuel Macron fait partie des « faux Dieux », mais il va avoir besoin de toute une vigueur jupitérienne pour faire face à la contestation qui se met en place, après sa promulgation express de la loi portant sur les modalités de la re-traite, tout juste sortie des délibérations feutrées du Conseil constitutionnel, là où ne pouvait pas s’abattre la foudre jupité-rienne…
Puisqu’on en est à la mythologie, on peut rappeler que l’Elysée faisait partie des En-fers, mais tout de même réservée aux hé-ros et gens vertueux. C’est de là que « Ju-piter » devrait, ce lundi soir, essayer de ramener un peu de calme dans un pay-sage politique ne demandant qu’à s’enflammer.
Faut-il d’ailleurs y voir un mauvais pré-sage ? Un premier grand feu qualifié d’« estival » par le responsable des pom-piers sévit depuis hier dans les Pyrénées – pas de retraite pour les incendies…
Les syndicats n’attendent certainement pas grand-chose de l’allocution présiden-tielle. Leur accueil sera probablement aussi glacé que les « lunes » joviennes. Mais il pourrait aussi se transformer ensuite en omelettes norvégiennes : froid dedans et chaud dehors. Le « Premier Mai » en don-nera sans doute un aperçu…