Mardi gras
(PR) – « Deuxième jour de la semaine ; Mardi gras, veille du mercredi des Cendres et dernier jour du carnaval ». En une définition, le Larousse nous donne de quoi développer plus qu’un mot. On pourrait donc parler, par exemple, de « Cendres » ou de « carnaval ». Il y aurait aussi « Carême », cette période qui, justement, va commencer une fois le « Mardi gras » passé, mais je lui avais déjà consacré un « mot » il y a deux ans. On était, à l’époque, en pleine période de « covitruc », donc pas question de « faire gras » et encore moins de « carnaval » …
Le « mardi gras » est le dernier jour où les chrétiens pouvaient « manger gras » – c’est-à-dire de la viande – avant d’entrer dans le Carème, cette période d’une qua-rantaine de jours qui va mener à Pâques, et pendant laquelle on doit « faire pénitence », ce qui signifiait (en principe) jeûne et abstinence – dans tous les domaines…
Avant de se serrer la ceinture, c’était l’occasion de faire bombance une dernière fois. Il semble bien que, depuis toujours ou presque, on ne s’en privait pas. Notre ami Antoine Furetière, dans son « Dictionnaire universel », notait déjà en 1690 que le « mardi gras » était « la plus grande feste de l’année pour les yvrognes » !
C’est effectivement l’époque du « carna-val » où l’on se dépêche de profiter de la vie, au moment où les rigueurs de l’hiver commencent (en théorie) à s’éloigner. Peu importe la température, on va se déguiser, profiter, comme le dit encore Antoine Fure-tière du « temps de réjouissance qui se compte depuis les Rois jusqu'au Caresme. »
Alors, on va réaliser dans les familles des « bugnes », des « rissoles » ou encore des « merveilles » qui réjouiront les petits et les grands. Les noms varient selon les régions, mais le principe est le même : on peut en-core se faire plaisir avec des sucreries, après, fini jusqu’au dimanche de Pâques.
Il y a des « mardis gras » où, pour mar-quer la fin du « carnaval » on propose une alternative aux sucreries : par exemple à Dunkerque, où la foule va se masser pour participer à un lancer de… harengs depuis le balcon de l’hôtel de ville !
Une fois de plus lorsqu’il s’agit de tradi-tions venant des premiers temps de la chrétienté, il y a quelque part un « héri-tage » romain. Le « mardi gras » de l’époque de la République s’appelait les « lupercales », où l’on célébrait la fin de l’hiver. Déguise-ments, festivités en tous genres étaient de mise. Cela ne durait pas trop longtemps, à la mi-février on revenait à la normale…
Le « mardi gras » a bien évidemment débordé des frontières de la vieille Europe. Avec son corollaire le carnaval, il a gagné l’autre côté de l’Atlantique, par exemple à la Nouvelle-Orléans où il est célébré avec l’enthousiasme que l’on devine dans le « Quartier français ». Les parades sur « Bourbon street » sont hautes en couleur, faisant revivre les grandes premières an-nées du jazz…
Au Brésil, on ne sait pas si le « mardi gras » est célébré, ce que l’on sait par contre c’est que le « carnaval » a vraiment repris cette année, pour le plus grand plai-sir des « cariocas » et de milliers de tou-ristes qui profitent de la fin de l’été austral sur les plages de Copèacabana.
En France, le « carnaval » a déjà eu lieu dans un endroit où l’on ne l’attendait pas : l’Assemblée nationale, où les débats sur la retraite ont inspiré au « Canard enchaîné » une superbe manchette : « C’est pas bien-tôt fini cet hémicirque ? »