top of page

Palme

(PR) – « Feuille de palmier, en particulier de dattier », nous dit le Larousse, qui ajoute quand même une définition qui va intéresser beaucoup de monde cette semaine : « Symbole de la victoire dans un concours, un festival ». Nous y voilà, le Festival de Cannes, qui va s’achever samedi 27 mai, décernera sa 76e « Palme d’or » , qui est un peu le « Nobel du cinéma ». Et tout comme le prix Goncourt assure une belle vente pour le roman distingué, le film choisi par le jury cannois est promis à un bel avenir…


   Comme c’est le cas pour beaucoup de mots de notre belle langue française, celui de « palme » a bien des significations possibles. Il y a donc, d’abord, la feuille des différentes sortes de palmiers – il en existe des dizaines – lesquels arbres sont aux utilisations les plus diverses : ils fournissent des dattes, des noix de coco, de l’huile, du rotin, du raphia, du bois de construction en Polynésie, et l’on en passe…

   Il y a également les « palmes » dont certains animaux, selon l’évolution chère à Darwin, sont dotés pour leur permettre de se déplacer aisément en milieu liquide, ce qui forme du coup la très grande famille des « palmidés » Là aussi, il y a vraiment de tout, du plus petit au plus grand. D’ailleurs notre espèce « homo erectus » se dote également de temps à autre de « palmes » (en caoutchouc) pour passer du « Monde du silence » au « Grand bleu »

   La «palme » fait également référence à la « paume » de la main, qui sert de mesure depuis… longtemps, puisque notre ami Antoine Furetière, dans son « Dictionnaire universel » de 1690, notait que la palme est une «  mesure qui se rapporte à la longueur de la main, quand elle est étenduë autant qu'elle le peut estre, parce que la paulme de la main s'appelloit autrefois palme. La palme est de differentes longueurs suivant les pays. Dans les lieux où le palme est en usage, il contient environ huit pouces. » Si quelqu’un peut traduire le pouce de l’époque en centimètres d’aujourd’hui, merci d’avance…

   Avant d’être « d’or » à Cannes, les « palmes » ont depuis longtemps servi de décorations. Elles peuvent être, par exemple, « académiques », selon un ordre créé en 1955 par le président du Conseil de l’époque, Edgar Faure. Elles devaient être décernées uniquement dans les milieux universitaires. Cela a bien changé ! Lui que j’ai eu le plaisir  d’écouter comme professeur à l’Université de Dijon aurait raison d’utiliser sa célèbre formule : « ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent… »

   A Cannes, le vent a souvent soufflé sur le Festival. Celui de la guerre d’abord, puisque le festival avait été conçu pour répliquer à la « Mostra » de Venise, acquise au fascisme, inaugurée en 1938 par le grand démocrate Joseph Goebbels… La première édition cannoise devait avoir lieu le 1er septembre 1939, mais les bombes, ce jour-là, tombaient sur la Pologne…

   Ce n’était que partie remise, et en dépit de pas mal de vicissitudes et de problèmes politiques divers et variés, la première édition s’ouvrit le 20 septembre 1946. Un succès qui allait grandir d’année en année, devenir un rendez-vous incontournable attirant des milliers de spécialistes du « 7eme art », de la presse, des touristes en tout genre, faisant le bonheur des hôteliers, restaurateurs cannois – et sur toute la Riviera.

   Le point d’orgue est donc la lecture du palmarès, le samedi soir, avec la remise d’une « palme d’or ». Une spéciale a déjà   été remise à « Indiana Jones » Harisson Ford. On ne sait pas si elle a été arrosée avec du « vin de palme » dont Antoine Furetière disait « qu’il est aussi bon que le nostre, quand il vient d'estre fait, mais qui s'aigrit au bout de quatre jours .» Santé !

bottom of page