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Retraite

(PR) – « Etat de quelqu'un qui a cessé ses activités professionnelles : prendre sa retraite. » La définition du Larousse est limpide pour un « état » dont les éventuelles futures règles risquent de provoquer de l’agitation en France puisque, ce mardi, Elizabeth Borne, première ministre, doit présenter les termes d’une nouvelle loi régissant la « re-traite » dont, le moins que l’on puisse dire, est qu’elle est loin, très loin, de faire l’unanimité…

En 1690, lorsqu’Antoine Furetière publia son « Dictionnaire Universel » – une référence que j’aime beaucoup, vous l’aurez remarqué… – il n’y avait alors pas de système pour permettre aux travailleurs de se retirer et de toucher une « pension » après une vie de dur labeur. Il faut dire que l’espérance de vie à la fin du dix-septième siècle devait se trouver en-deçà de la cinquantaine (il n’y a pas de statistique fiable).

A part les aspects militaires ou religieux de ce qu’est une « retraite », Antoine note toutefois brièvement que l’on dit « figurément, qu'un homme se bat en retraite, quand il est vieux, quand il se retire des emplois, des affaires, ou du commerce du monde. »

Et pourtant, il y avait déjà, à son époque, d’heureux bénéficiaires d’une sorte de « retraite » : en 1673, Louis XIV avait instauré une « caisse » dont pouvaient bénéficier les anciens équipages de sa Marine – est-ce pour cela qu’aujourd’hui encore, en France, la Marine nationale est qualifiée de « la Royale » ? La générosité du Roi-Soleil s’arrêta là ; il faut dire que, déjà, les caisses de l’Etat étaient vides…

Un siècle plus tard, ce furent les employés de la « Ferme générale » qui bénéficièrent à leur tour d’une « caisse de pension ». Ne vous méprenez pas, ce n’était pas des agriculteurs, mais des employés du service du… fisc ! A l’époque, les serviteurs de l’Etat étaient les seuls à bénéficier d’un emploi règlementé, pour le privé les contrats de travail n’existaient pas ; donc pas de cotisation pour une « retraite » très hypothétique compte tenu de l’espérance de vie qui n’avait pas beaucoup progressé.

Au dix-neuvième siècle, seuls les fonctionnaires et militaires furent avantagés pendant le Second Empire – à ce sujet on « commémore » aujourd’hui le cent cinquantième anniversaire de la mort de Napoléon III, « Napoléon le petit » comme le qualifia Victor Hugo… Alors que la révolution industrielle faisait grossir les rangs de la classe ouvrière, celle-ci devait s’en remettre à elle-même. Il y eut l’instauration de caisses de secours mutuel, mais toujours basées sur le système du bénévolat.

En Europe, ce fut contre toute attente le chancelier Bismarck qui instaura dans les années 1880 un système d’assurances couvrant tout à la fois les accidents du tra-vail, la maladie et organisant des caisses de retraite. Il faut dire que les syndicats se montraient très remuants et qu’il avait be-soin d’une industrie d’armement efficace…

Pour en revenir à la France, c’est au len-demain de la Seconde Guerre mondiale que le Conseil National de la Résistance jeta les bases du système de retraite par répartition, tel qu’il est en cours aujourd’hui, même s’il y a eu des modifications con-cernant notamment l’âge de départ « en retraite ». Un sujet éminemment sen-sible, on s’en doute, surtout concernant les professions les plus pénibles physique-ment.

Il faut en revenir à la sagesse populaire, celle de Jean-Charles, humoriste suisse (cela existe…) disant que « les trois âges de l’humanité sont l’âge de pierre, l’âge de bronze et l’âge de la retraite… »


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