top of page

Le mot de la semaine "Canicule"

(PR) – « Période de très grande chaleur de l’été ; cette chaleur elle-même ». Le Larousse ajoute à cette sobre définition une précision intéressante : « Epoque où l’étoile Sirius se lève avec le Soleil et qui, dans l’Antiquité, correspondait approximativement avec le début de l’été en Egypte ». Et quand on sait que Sirius (Alpha Canis Major) fait partie de la constellation du « Grand Chien », on comprend que les périodes de grandes chaleurs de l’été soient devenues « caniculaires »…


Qu’en disait notre ami Nicolas Furetière, dans son « Dictionnaire universel » daté de 1690 ? Il notait déjà, à propos de Sirius, que « quand le Soleil ou Mars se leve avec elle, il arrive une chaleur excessive, & les jours caniculaires commencent. »

Les Egyptiens, eux, attendaient donc cette période coïncidant avec la crue du Nil. C’est alors que se déposait le limon qui allait fertiliser le long ruban que le fleuve dessine depuis l’Afrique australe jusqu’à la Méditerranée. Qu’importe les chaleurs – et Râ, le dieu du Soleil, faisait tout pour qu’elles soient importantes au bord du désert – c’était la promesse de belles récoltes. Le grand barrage d’Assouan a malheureusement mis fin à ce « miracle » égyptien, mais il n’a pas supprimé la « canicule »….

Dans la plupart des pays de l’hémisphère Nord, les périodes de « canicule » correspondaient plus ou moins à celles des récoltes, principalement des moissons. Ce qui ne rendait pas forcément les travaux agréables pour les paysans : ils n’écoutaient pas tous « l’été » des « Quatre saisons » de Vivaldi, où la chaleur si bien suggérée rend la « canicule » plus que supportable, même si l’orage arrive ensuite…

Cette année, nous avons eu une double ration de « canicule » , et celle que nous vivons actuellement s’accompagne d’incendies spectaculaires. Toute l’Europe est touchée, et il est certain que les changements climatiques signalés depuis des années n’y sont pas pour rien, avec l’accentuation des sécheresses amenant à un manque d’eau généralisé, compliquant le travail des valeureux « soldats du feu ».

Dans l’Histoire, les périodes caniculaires ont souvent provoqué des mouvements sociaux, lorsque les vivres venaient à manquer ou bien devenaient trop chers. La Révolution française de 1789 en est (en partie) un exemple.

En 2022, la « canicule » actuelle pourrait bien accentuer les problèmes accumulés depuis la pandémie et la guerre en Ukraine. La rentrée deviendrait alors, dans plusieurs pays européens – mais pas seulement – « caniculaire », socialement et politiquement s’entend, même si la température est retombée à un niveau acceptable.

Il y a quelque chose d’amusant de voir que le « Brexit » de « Bo Jo » n’a pas empêché le Royaume (encore uni) de devoir déclencher une « alerte rouge », pour la première fois de son histoire, en attente de températures pouvant atteindre 40 degrés au bord de la Tamise. Espérons que Sa Très Gracieuse Majesté aura pu gagner à temps les fraîcheurs de l’Ecosse…

Météo France, qui n’a pas l’habitude de plaisanter, a son avis sur cette accentuation du nombre de canicules. Analysant une étude, elle avance que « dans un climat non modifié par l’homme, cette canicule aurait été quasi improbable ; le changement climatique a augmenté d’au moins un facteur 10 sa probabilité de survenue »…

Chacune et chacun en tirera les conclusions qu’il veut. Pierre Dac, lui, avait son avis sur la question, lorsqu’il disait que « pendant la canicule, nombre de personnes s’écrient : « C’est effrayant, il y a 35° à l’ombre ». Mais qui les oblige à rester à l’ombre ? »

bottom of page