Dérèglement (PR) – « Fait de se dérégler, d’être déréglé ; le dérèglement climatique ». Nous y voilà, ce fameux phénomène dont on ne cesse de constater les effets négatifs – même si beaucoup en contestent la réalité – et qui fait l’objet de la COP27, cette réunion onusienne qui vient de s’ouvrir en Egypte, à Charm el-Cheikh. On est là-bas au bord de la mer Rouge, dans un environnement où l’on ne songe pas forcément à la fonte trop rapide des glaciers…
Le « dérèglement climatique » ne date pas d’aujourd’hui puisqu’en 1690, dans son « Dictionnaire universel », notre cher Antoine Furetière disait déjà que le dérèglement était un « désordre, action ou mouvement qui se fait contre les loix naturelles, ou civiles. Cette année il y a eu du dérèglement dans les saisons, l'hiver a été beau, & le printemps fort pluvieux ». C’est un peu, en fait, ce que dit l’adage « Noël au balcon, Pâques aux tisons »…
A la fin du dix-septième siècle, on pouvait donc déjà s’exclamer « ma pauv’dame, y’a plus de saisons ! ». Et encore, à cette époque, il n’y avait pas les moyens de communication que nous connaissons quatre siècles plus tard, qui nous donnent désormais, avec une abondance incroyable et une rapidité stupéfiante, l’état de la météorologie avec ses conséquences, ceci plus vite (ou presque) que cela ne se passe…
Dans ces conditions, comment peut-on parler, avec raison gardée, de ce qu’est le « dérèglement » climatique ? A la suite d’un de mes « mots », René Moreau, un mien ami (j’aime bien cette formule ancienne…), originaire de mon village, mais surtout membre de l’Académie des sciences, m’a posé une question qui m’a sinon perturbé tout au moins fortement interpelé : « Peut-on parler de « dérèglement » climatique alors que le climat n’est soumis à aucune « règle » ? Dans mes écrits et conférences, où j’ai souvent été amené à parler des mécanismes physiques auxquels obéit le climat, j’ai systématiquement choisi l’expression « réchauffement climatique », mais toujours avec des hésitations, m’appuyant sur le fait que ce réchauffement est mesuré et enregistré ».
Je ne vous imposerai pas l’intégralité de nos échanges épistolaires (on peut dire comme cela même en cas de messagerie électronique…) ; j’en retiendrai toutefois que, si l’essentiel des saisons est « immuable » tant que la Terre tournera comme elle le fait autour de son astre, il y a « des phénomènes transitoires ou nouveaux engendrant des fluctuations lors de chacune de ces saisons : éruptions solaires, effet de serre, albédo, instabilités de la circulation atmosphérique et bien d’autres… ».
Merci Monsieur l’Académicien de dire ainsi ce que l’actualité nous fournit depuis quelque temps, et, particulièrement cette année, avec des événements souvent destructeurs, sur toute la planète : des inondations monstrueuses, des feux que l’on a de la peine à vaincre, des sécheresses qui menacent l’approvisionnement de populations entières. Au point qu’on se demande même si l’invasion de l’Ukraine par les forces russes ne fait pas aussi partie de ce chapelet de « dérèglements »…
Il y a du pain sur la planche pour les hautes personnalités réunies en Egypte. Le bilan de certaines réunions précédentes (la première a eu lieu à Stockholm en…1972 !) n’incite pas forcément à l’optimisme. Il y a peut-être une solution : ce mardi débute une « Semaine de l’organisation et du rangement » organisée par la « Fédération Francophone des Professionnels de l’Organisation (FFPO) ». De quoi trouver (peut-être) quelque chose à en tirer pour mettre les « dérèglements » en bon ordre…