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Le mot de la semaine "Holodomor"

(PR) – Ce mot est à l’opposé de celui de la semaine dernière, « Restos ». Il n’apparaît pas dans les dictionnaires de référence, mais, en ukrainien, il signifie « extermination par la famine ». Il y a en effet quatre-vingt-dix ans débutait une politique déclenchée par Staline, qui eut pour résultat des millions de morts dans ce qui fut appelé « Holodomor », et désormais qualifié de « génocide » par les Ukrainiens. Aujourd’hui, certains suspectent Stalpoutine de vouloir mettre en œuvre politique quasi similaire…


   L’Histoire est, décidément, un ingrédient à manier avec une extrême précaution, un peu comme la nitroglycérine… Il n’empêche qu’au fil des circonstances ressurgissent des souvenirs qui peuvent faire éclater des vérités que l’on croyait enfouies à tout jamais, et que l’on ne pensait pas revoir un jour. Et pourtant…

   Dans l’histoire de l’humanité, la famine a sévi à de multiples reprises. Naturellement à cause de problèmes climatiques, mais elle a aussi  été utilisée comme arme de guerre. En général, lorsque l’on assiégeait une ville ou un camp retranché, on le faisait en attendant que la faim oblige les assiégés à la reddition. Il y en a un qui avait compris cela, Jules César, qui amena Vercingétorix à rendre les armes devant Alésia parce que les vivres devenaient rares…

     En 1690 déjà, dans son « Dictionnaire universel » Antoine Furetière qualifiait la famine de « disette générale de fruits & de bleds ou d’autres aliments » grâce à laquelle « on a pris cette ville par famine ».

   La politique utilisée par le « Petit père des peuples » à partir de 1932 n’était pas destinée à conquérir un pays, puisque celui-ci faisait déjà partie de la jeune Union soviétique, mais à collecter pour le compte de Moscou l’essentiel de toutes les récoltes du véritable « grenier » à céréales  qu’était – déjà ! – l’Ukraine. Ceci pour les exporter et, ainsi, pouvoir obtenir auprès des pays « capitalistes » les machines-outils et autres produits dont l’URSS avait besoin pour moderniser son industrie et son armée.

   Résultat de cette politique : les paysans ukrainiens se révoltèrent, refusant de se laisser dépouiller, la répression se fit de plus en plus sévère, et la famine s’instaura rapidement. L’hiver 1932-1933 fut glacial et amplifia le désastre. Comme lors de situations similaires, la population privée de tout en vint à se rabattre sur ce qu’ils trouvaient pour manger, et l’on parla même d’actes de cannibalisme. Cinq millions d’habitants auraient péri dans cette sinistre période, sur une population de 30 millions.

    Comparaison n’est certes pas raison, mais le drame que vivent en ce moment les Ukrainiens n’augure rien de bon. C’est pourquoi l’on peut se demander si l’Histoire, à défaut de se répéter, ne va pas bégayer…

   A sa manière, puisque ses tentatives d’annexion militaire ont échoué, que ses troupes sont sur la défensive, Stalpoutine utilise en effet  l’arme des destructions massives pour priver les Ukrainiens de ce qu’ils ont le plus besoin, alors que la neige commence à tomber, que le froid s’installe : détruire les installations permettant aux habitants de Kiev et de toutes les villes visées de s’éclairer, de se chauffer, d’avoir de l’eau. A coup de missiles, c’est une nouvelle « Holodomor » qui semble se profiler.

   Tamara, une historienne ukrainienne spécialiste de cette période tragique, citée par « Le Figaro » déclare que « si Poutine a décidé de nous mettre à genoux par la faim, nous ne nous laisserons pas faire ». Ils l’ont déjà prouvé. A bon entendeur…

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