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Le mot de la semaine "Sécheresse"

(PR) – « Etat de ce qui est sec ; absence ou insuffisance de pluie pendant une certaine période », nous dit le Larousse – et la définition du Robert est presque identique – pour caractériser ce que nous vivons actuellement. Un peu partout, dans notre continent, l’inquiétude grandit : allons-nous devenir un nouveau Sahara ? Nous n’en sommes pas encore là, mais les conséquences de la « sécheresse » que nous subissons, si elles se font sentir à court terme, doivent surtout nous alerter pour le long terme…


Comme toujours, un coup d’œil dans le « Dictionnaire universel » de Furetière. En 1690, sa définition est semblable à celle de ses successeurs : « la sécheresse se dit de la température de l'air, lors qu'il demeure longtemps sec & sans pluie. » Et pour lui, « la sécheresse est la cause de la stérilité, des maladies ; elle a fait mourir les arbres, a engendré des chenilles. »

En notre an de grâce 2022, il est évident que, comme le remarquait l’ami Antoine Furetière il y a plus de trois siècles, la « sécheresse » a des conséquences désastreuses sur l’activité de nos campagnes, et donc sur notre vie. Cela se ressent déjà (entre autres) par le biais d’approvisionnements alimentaires parfois plus difficiles, y compris pour l’eau potable.

Mais ce sont aussi moult aspects importants de la vie économique qui sont touchés, d’une manière à laquelle on ne s’attendait peut-être pas.

Un premier exemple ? Le Rhin, ce fleuve qui est une sorte de colonne vertébrale industrielle de l’Europe, voit actuellement l’activité des bateaux de commerce fortement diminuée, parce que l’étiage (le niveau ordinairement le plus bas d’un cours d’eau) est exceptionnellement bas. Au centre de contrôle alsacien, on note un débit inférieur de moitié à la normale.

Dans ma Bourgogne, le canal du même nom, si agréable pour découvrir une des plus belles régions du monde – non, je ne suis pas chauvin…– en flânant d’écluse en écluse, a dû être fermé en partie, faute d’approvisionnement en eau. Pour le vin, cela va encore…

Un autre exemple ? On va peut-être manquer de lait, et donc de fromage ! Dans le Jura, c’est tellement sec que, comme l’a a dit un éleveur du Jura vaudois au « Temps », « c’est comme si nos vaches marchaient sur des chips » … Des deux côtés de la frontière naturelle que constitue ce massif, les constatations sont les mêmes : il va peut-être falloir redescendre les troupeaux plus tôt que d’ordinaire…

Encore ? Les eaux devenant trop rares, EDF a dû limiter la puissance de certaines de ses centrales nucléaires le long des fleuves, car cela ferait monter la température des eaux, ce qui menacerait la faune et la flore…

Il y aurait, bien sûr, beaucoup à ajouter à la liste des dégâts qu’une sécheresse peut provoquer. En France, celle de 1976 s’était traduite par la levée d’un impôt, décidé le 21 août par le président Valéry Giscard d’Estaing ; ce qui n’a évidemment pas plu à son premier ministre Jacques Chirac, lequel en avait donné sa démission le 25…

Il avait été ministre de l’agriculture, ceci explique en partie cela. L’un de ses successeurs, Henri Nallet allait, lui, gagner le prix de l’humour politique en 1990 en déclarant que « le plan sécheresse n’est pas un arrosage » … On s’en serait douté !

En attendant, nombreux sont celles et ceux qui doivent avoir dans les oreilles la chanson de Gilbert Bécaud…

« Le jour ou la pluie viendra

Nous serons, toi et moi,

Les plus riches du monde,

Les plus heureux du monde… »

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