(PR) – Ne cherchez pas ce mot dans vos dictionnaires, il ne fait que dériver du « Stalpoutine » que j’avais créé en février dernier, juste après le début de l’invasion de l’Ukraine par les forces russes. Mon intention était alors d’établir un parallèle entre Vladimir Poutine et l’un de ses prédécesseurs, Joseph Staline. Les événements de ces derniers jours m’ont conforté dans la véracité de la comparaison !
Comment pourrait-on définir la « stalpoutinerie » ? C’est essentiellement l’utilisation continuelle de prétextes fallacieux pour mener une politique dont les fondements prétendument « historiques » ne reposent sur rien d’autre que la paranoïa dangereuse d’un président qui n’en est pas à son coup d’essai !
Essayons d’expliquer : dès le début Stalpoutine a prétendu vouloir « libérer » des « frères » des forces « nazies » qui les asservissaient. Comme l’Ukraine, à ses yeux, n’existe pas, il a envoyé son armée en direction de Kiev, où elle aurait dû être accueillie avec des fleurs. Ce ne fut pas du tout le cas, et les chars frappés du sigle « Z » – « pour la paix, pour la vérité », valeurs très « stalpoutiniennes » on le sait… – ont été détruits par centaines, les Ukrainiens n’étant donc pas reconnaissants de l’amour porté par leur « grand frère »….
Jamais en manque d’une « stalpoutinerie », le maître du Kremlin a ensuite multiplié les exactions à l’encontre des civils ukrainiens : bombardements d’objectifs sensibles comme des hôpitaux, des gares, rien de bien militaire ; mais plutôt la politique de la « terre brûlée » qu’il avait déjà utilisée en Tchétchénie, en Syrie…
Les Ukrainiens – bien aidés par l’armement occidental, il est vrai – ont su mettre à jour les failles du dispositif militaire russe, et ils ont pu le faire sérieusement reculer. Au point que Stalpoutine n’avait plus le choix : il lui fallait « sanctuariser » les plus de dix pour cent du territoire ukrainien qu’il avait conquis, et dans lequel des « autorités » pro-russes étaient prêtes à implorer le soutien du dit « grand frère »…
Pour ses « stalpoutineries », il n’avait plus besoin de rejouer ce que Khrouchtchev avait fait en 1956 avec la Hongrie, Brejnev avec la Tchécoslovaquie en 1968 : envoyer des chars – ils étaient déjà là…
Par contre, il devait se donner l’apparence d’une « solution » démocratique en organisant des « référendums » par lesquels les populations exprimeraient leur désir de revenir dans le giron de la « mère Russie » dont ils avaient été séparés d’une manière injuste – tiens, par qui ? Un dénommé Gorbatchev, l’anti-Poutine…
C’est donc ce à quoi on vient d’assister dans quatre régions de l’Est de l’Ukraine. Stalpoutine ne s’est même pas privé de montrer sa force : on a ainsi pu voir des « scrutateurs » cagoulés et armés venir recueillir les bulletins de vote dans les appartements de ceux qui n’avaient pas fui leurs villes dévastées par les bombardements…
Moyennant quoi, les résultats ont été dignes de ce que l’on connaissait à l’époque de cette Union soviétique que regrette tant Stalpoutine : une participation record frôlant les 90% - mais combien d’habitants de ces régions avaient déjà fui vers la « zone libre » de l’Ouest de l’Ukraine ? – et des « oui » qui ont arraché des larmes au chef du Kremlin lors de son discours sur la Place Rouge. Ah, la démocratie… !
Mais c’est une « démocratie Potemkine », comme il y a eu des « villages Potemkine » : lors du déplacement de la grande Catherine II en Crimée en 1787, ce ministre (qui était aussi son amant) avait fait réaliser des façades en trompe-l’œil pour cacher la misère du peuple – une « stalpoutinerie » avant l’heure…