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Le mot de la semaine "Vacances"

(PR) – « Période légale d’arrêt de travail dans les écoles, les universités selon un calendrier revu chaque année ; période légale d’arrêt de travail des salariés, pendant laquelle de nombreuses personnes se déplacent ». Le Grand Larousse ne fait preuve d’aucune fantaisie pour définir cette « période » que tant d’êtres humains (petits ou grands) attendent chaque année avec impatience, en se disant qu’ils vont essayer d’oublier les vicissitudes de leur vie quotidienne et de « recharger les batteries » …


Notre ami Nicolas Furetière, dans son « Dictionnaire universel » daté de 1690, ne connaissait évidemment pas les vacances qui sont les nôtres, mais il parlait quand même de « Suspension d’affaires ou d’estudes. Les Régents ont donné vacances à leurs escoliers ».

Celles et ceux qui bénéficient actuellement de « vacances » ne s’en doutent peut-être pas, mais les riches Romains les avaient devancés : pendant la période de « canicule » (du 24 juillet au 24 août où la chaleur est la plus forte, où l’on voit l’étoile Sirius, « canicula » en latin), ils avaient l’habitude de quitter la Ville éternelle, pour fuir les marais du Latium l’entourant, où pullulaient les moustiques !

Par la suite, les « vacances » furent essentiellement dépendantes des diverses fêtes religieuses édictées par l’Eglise catholique. Mais ce n’était pas forcément des jours de repos, puisqu’il fallait participer à des processions, des messes qui occupaient une bonne partie de la journée….

Pour les étudiants, les premières vacances sont dues au pape Grégoire IX ; en 1240, il accorda à l’Université de Paris le droit d’interrompre les cours pour participer aux… vendanges ! Du côté de Passy, il y avait, en effet, des vignes ; pas loin de la Maison (ronde) de la radio et de la musique, là où aujourd’hui, se trouve un « Musée du Vin » établi – c’est véridique – rue des Eaux ! Grégoire ne pouvait pas deviner qu’en mai 1968, les étudiants parisiens s’offriraient, ainsi qu’à une bonne partie de la France, de drôles de « vacances » …

Après la Révolution de 1789, les premiers Français à bénéficier de « vacances » furent les magistrats, qui établirent les « vacances judiciaires », pendant lesquels les procès étaient mis en veilleuse ; cela leur permettait d’aller bénéficier des propriétés campagnardes souvent acquises sur le dos de la noblesse – à chacun son tour…

Et puis, pendant le dix-neuvième siècle, commencèrent à débarquer des « vacanciers » venus notamment d’Outre-Manche pour bénéficier des stations thermales (plusieurs siècles après les Romains, tout de même…) ou du bord de mer, faisant promenade à Nice par exemple…

Le bon peuple, lui, dut attendre 1936 pour vraiment bénéficier des « congés payés » ; certes, les enseignants et les fonctionnaires y avaient déjà eu droit grâce à la République, troisième du nom. Même si les actualités cinématographiques gardèrent des séquences touchantes de cette conquête sociale importante, ce ne fut pas un déferlement vers les plages ou les montagnes. C’était d’abord pour des raisons financières, mais aussi par manque d’infrastructures d’accueil. Dans ces cas-là, les familles faisaient office de refuges…

Un autre phénomène en découla, la création des « colonies de vacances ». Elles répondaient à un besoin évident, et offraient à des milliers d’enfants la possibilité de découvrir la nature et d’apprendre à vivre avec d’autres copines et copains. Il y avait sans doute des exagérations, mais comme le chantait si bien Pierre Perret, « tous les ans, je voudrais que ça r’commence » !


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